Le gouverneur de la Banque de Thaïlande, Veerathai Santiprabhob, s’est déclaré préoccupé par la montée en flèche du baht ces dernières semaines, mais a confirmé qu’aucune activité spéculative n’avait été détectée à ce stade.
La banque centrale surveille de près les flux de fonds étrangers, a-t-il dit.
« La banque centrale n’a trouvé aucune irrégularité ou pratique spéculative, mais l’appréciation rapide du baht nous donne matière à inquiétude », a déclaré Veerathai.
L’institution est prête à faire face à toute irrégularité sur le marché des changes, mais elle doit le faire avec prudence dans le contexte des querelles commerciales entre les États-Unis et la Chine pour ne pas donner aux autres pays le sentiment que cette action a pour but des bénéfices commerciaux, a-t-il ajouté.
Veerathai a insisté sur le fait que la vigueur du baht ne découlait pas de la hausse de 25 points de base du taux directeur en décembre, alors que les sorties nettes des portefeuilles de placement ont totalisé près de 300 millions de dollars au 13 février 2019.
Dans le détail, les investisseurs étrangers ont retiré 407 millions de dollars en obligations thaïlandaises, mais ont en contrepartie acheté 123 millions en actions.
La tendance des mouvements de fonds offshore cette année contraste avec celle de l’année dernière, lorsque les étrangers se tournaient vers les obligations thaïlandaises à court terme tout en faisant du dumping sur les actions locales.
Il a expliqué que l’excédent de la balance courante de la Thaïlande et certains facteurs extérieurs ont contribué à la solidité du baht.
En 2018, l’excédent de la balance courante de la Thaïlande s’élevait à 37 milliards de dollars, dont 23 milliards provenaient des exportations et 14 milliards du tourisme. Toutefois, cet excédent a diminué par rapport à l’année précédente.
Bien que les exportations de marchandises thaïlandaises se soient contractées pour un deuxième mois consécutif en décembre, le compte courant était toujours excédentaire de 5 milliards de dollars, les contributions des exportations et du tourisme s’élevant à 2,5 milliards.
Les investissements étrangers directs ont également contribué à renforcer le baht, a ajouté Veerathai.
Il a déclaré que les incertitudes au niveau mondial, notamment la politique économique américaine, la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, le différend commercial entre les États-Unis et la Chine et le Brexit ont affecté globalement les marchés monétaires et de capitaux, y compris le baht.
Afflux de fonds étrangers
La devise thaïlandaise évolue de concert avec les autres monnaies des marchés émergents, sous l’effet de la faiblesse du dollar américain et de l’annonce par la Fed d’un ralentissement des hausses de taux, a commenté Veerathai.
« Même si la volatilité du baht est inférieure à certaines monnaies régionales et émergentes, d’autres ont été jugées plus résistantes que le baht en termes de volatilité. Nous devons renforcer les zones tampons et soutenir la croissance économique pour faire face à une incertitude accrue », a-t-il déclaré.
Une protection contre les risques liés au change est nécessaire pour les opérateurs commerciaux qui opèrent avec l’étranger, a déclaré M. Veerathai.
Jusqu’à 100 milliards de bahts (environ 2,8 milliards d’euros) en fonds étrangers devraient se diriger vers la Bourse de Thaïlande (SET) au cours des 12 prochains mois, prévoit Krungsri Securities (KSS).
La société de courtage anticipe des perspectives positives pour les actions thaïlandaises cette année et estime que l’indice SET devrait atteindre les 1 900 points.
Selon Isara Orderfolchedt, responsable de la recherche chez KSS, les bénéfices des entreprises cotées au SET devraient augmenter de 10 %, avec une inflation de 1,5 % et une croissance du PIB de 4,1 %.
Il prévoit également un retour des investissements en Thaïlande et sur d’autres marchés émergents.
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, le Brexit et le ralentissement économique en Chine continuent toutefois de semer l’incertitude quant au rendement des actions thaïlandaises. Isara a déclaré que la politique ne devrait pas être un sujet de préoccupation majeur, car la formation d’un nouveau gouvernement après les élections générales prendra du temps, et il s’attend à ce que les principales politiques économiques du pays ne soient pas modifiées dans un avenir proche.
Selon lui, les secteurs les plus attrayants pour investir en Thaïlande cette année sont le commerce, la vente au détail, le tourisme et les services bancaires.