La croissance thaïlandaise s’accélère au quatrième trimestre 2018, mais la situation politique menace

La croissance thaïlandaise s'accélère au quatrième trimestre 2019, mais la situation politique menace
La croissance de l’économie thaïlandaise s’est accélérée au quatrième trimestre 2018, mais une zone d’ombre plane sur la situation politique (Photo : Preecha.MJ / Wikimedia)

La Thaïlande a connu une croissance plus vigoureuse que prévu au quatrième trimestre 2018, la demande locale ayant contribué à compenser le recul des exportations, mais les tensions actuelles sur la scène politique pourraient à nouveau faire planer une menace sur l’économie.

Sur un an, le produit intérieur brut de la Thaïlande (PIB) a augmenté de 3,7 % au quatrième trimestre 2018, contre 3,2 % au troisième, selon les données publiées lundi par le Conseil national du développement économique et social (NESDC).

Pour l’ensemble de l’année 2018, l’économie a enregistré une croissance de 4,1 %, contre 4 % en 2017.

Le NESDC prévoit désormais un taux compris entre 3,5 et 4,5 % pour 2019, stimulé par les dépenses de consommation des ménages, les investissements et le tourisme.

Les ménages ont donc soutenu la croissance économique au quatrième trimestre, alors que les exportations ont été touchées par un ralentissement de la demande mondiale, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et un baht qui ne cesse de se renforcer.

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Malgré le fléchissement des exportations, les dépenses de consommation et l’investissement privé constituent des points relativement positifs. Toutefois, la confiance des investisseurs et la conjoncture économique thaïlandaise dans son ensemble pourraient être sensibles aux élections et aux mesures politiques qui suivront le scrutin, a fait valoir Thosaporn Sirisumph, secrétaire général du NESDC.

Bien que la demande locale soit restée vigoureuse – en partie grâce aux mesures incitatives de relance intérieure lancées par les autorités avant les élections du 24 mars – le pays fait face à des risques politiques accrus, ce qui pourrait nuire au climat de confiance et aux investissements intérieurs.

La politique, une inconnue susceptible de peser sur l’économie

Depuis plus d’une décennie, la part des investissements étrangers directs dans l’économie a diminué parallèlement à une lutte de pouvoir entre l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra et les élites militaires. Thaksin ou ses alliés ont remporté toutes les élections depuis 2001, pour finalement être déchus de leur mandat par les tribunaux ou par l’armée.

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Récemment, les pressions exercées pour dissoudre le parti politique Thai Raksa Chart, lié au clan Thaksin, après la tentative infructueuse de faire de la Princesse Ubolratana sa candidate pour le poste de Premier ministre, ont révélé de profondes divisions avant les élections, les premières depuis le coup d’État de 2014. Cette situation rappelle le cycle initié depuis 2006 en Thaïlande où s’enchaînent élections, instabilité politique et interventionnisme militaire.

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« Nous ne nous attendons pas à une situation chaotique à l’approche des élections », a déclaré Eugenia Victorino, de la banque Skandinaviska Enskilda Banken AB, à Singapour. « Cependant, il est essentiel de pouvoir former un gouvernement stable afin d’assurer la pérennité du redressement des investissements dans le secteur privé. »

Bien que la croissance se soit reprise depuis 2014 – lorsque les troubles avaient pratiquement paralysé l’économie et finalement favorisé le coup d’État – son rythme reste inférieur à celui de ses voisins d’Asie du Sud-Est.

Pour certains prévisionnistes, comme ceux de la Banque mondiale, l’augmentation de la consommation privée et des investissements dans la deuxième puissance économique de la région devrait combler le manque à gagner engendré par le ralentissement des exportations cette année. Il existe cependant un risque que l’instabilité intérieure incite les entreprises et les consommateurs à retarder leurs dépenses.

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La Banque de Thaïlande, qui a maintenu son taux directeur inchangé ce mois-ci après sa première hausse depuis sept ans en décembre, a déclaré que sa politique monétaire « accommodante » resterait de circonstance au cours des prochains mois.

La pression sur les prix s’est atténuée dans le Royaume, en partie sous l’effet de l’envolée du baht. Conjuguée à des perspectives économiques incertaines, cette situation renforce la nécessité de maintenir les taux d’intérêt inchangés après la hausse d’un quart de point observée en décembre.

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« La performance exceptionnelle du baht et le recul des cours mondiaux du pétrole renforcent nos anticipations d’une pause en matière de taux directeurs cette année », a déclaré Radhika Rao, économiste à la DBS Bank de Singapour.