Gilets jaunes : des émeutes éclatent à Paris lors des dernières manifestations

La journée de mobilisation des gilets jaunes a été émaillée de nombreuses violences à Paris
La journée de mobilisation des gilets jaunes a été émaillée de nombreuses violences à Paris (Photo : @Place_Beauvau / Twitter)

Le président Emmanuel Macron a condamné les violences qui ont secoué Paris et d’autres villes de France ce samedi, alors que plus de 75 000 personnes ont pris part aux manifestations des gilets jaunes.

Selon les derniers chiffres annoncés par les autorités, 133 personnes ont été blessées et plus de 412 arrêtées dans la capitale, dont 378 placées en garde à vue, samedi 1er novembre, après les violences qui ont éclaté dans plusieurs quartiers lors des manifestations des gilets jaunes, en particulier près des Champs-Élysées.

Un homme serait dans le coma après avoir été grièvement blessé par la chute d’une clôture près des Tuileries.

Des voitures ont été incendiées – dont au moins un véhicule de police – tandis que des boutiques et restaurants situés le long de rues huppées – notamment dans le quartier Opéra, Avenue Foch et Rue de Rivoli – ont été pillés et saccagés.

Des graffitis hostiles au gouvernement ont été apposés sur des murs et monuments, dont l’Arc de Triomphe.

Dans la ville du Puy-en-Velay, en Haute-Loire, les bâtiments de la Préfecture ont été incendiés par des manifestants qui ont lancé des « projectiles de type cocktail Molotov », tandis que 30 personnes environ ont été blessées dans des échauffourées dans le centre de Tours (Indre-et-Loire).

Dix arrestations ont eu lieu en Meurthe-et-Moselle (Grand Est) et sept personnes ont été arrêtées lors de manifestations autour de Dijon (Côte-d’Or). D’autres manifestations ont connu une tournure violente, notamment à Bordeaux (Gironde), Toulouse (Haute-Garonne) et Nantes (Loire-Atlantique), tandis que le péage de Narbonne (Aude) a été complètement détruit par un incendie.

Le président Macron, s’exprimant depuis Buenos Aires en Argentine après le sommet du G20 hier, a déclaré : « ce qui s’est passé à Paris n’a rien à avoir avec l’expression pacifique d’une colère légitime. Aucune cause ne justifie que les forces de l’ordre soient attaquées, que des commerces soient pillés, que des bâtiments publics ou privés soient incendiés, que des passants ou journalistes soient menacés, que l’Arc de Triomphe soit souillé. Les coupables de ces violences ne veulent pas de changement, ne veulent pas d’amélioration, ils veulent le chaos. Ils trahissent les causes qu’ils prétendent servir. […] Ils seront identifiés et tenus responsables de leurs actes devant la justice. »


Réunion d’urgence après les incidents à Paris

M. Macron devrait maintenant tenir une réunion d’urgence aujourd’hui, après son retour du sommet du G20 en Argentine.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a quant à lui condamné la violence comme « une stratégie des professionnels du désordre ».

Il a également déclaré : « il y a eu une stratégie gérée par des professionnels du désordre, des professionnels de la casse. Je dis aux gilets jaunes, ne vous laissez plus embarquer, protégez vous, protégez les Français, protégez notre patrimoine. Ne participez plus à ces attaques de factieux ».

Il a confirmé qu’à partir de samedi soir, la situation à Paris s’était détendue, même si elle n’avait pas été « totalement sécurisée ».

Selon Rémy Heitz, procureur de Paris, le parquet veillera à « ne pas laisser impunies ces exactions inacceptables. Je vous informe que mon parquet veillera à engager des poursuites devant le tribunal correctionnel contre tous les auteurs des faits de violences et de dégradations constatées qui seront identifiés, et à ne pas laisser impunies les exactions inacceptables qui ont été commises à Paris aujourd’hui. »

Malgré la violence, de nombreuses protestations se sont poursuivies pacifiquement, certains gilets jaunes bloquant des routes sans incident.

Un nouveau groupe de représentants du mouvement a appelé à une « conversation » avec le gouvernement.

Dix personnalités du mouvement, dont la Bretonne Jacline Mouraud et le Toulousain Benjamin Cauchy, ont cherché à prendre leurs distances par rapport aux violences, en se faisant appeler les « gilets jaunes libres ».

Ils ont appelé l’opinion publique française à continuer à soutenir le mouvement et ont exigé un « projet viable et crédible » qui permettrait d’offrir au gouvernement « une porte de sortie à la crise ».

Ils ont notamment demandé une rencontre avec le Premier ministre Edouard Philippe, ainsi qu’une conférence nationale sur la fiscalité, ou encore le gel de toutes les hausses des taxes sur les carburants.

Les groupes Facebook qui affirment représenter le mouvement des gilets jaunes ont également pris leurs distances par rapport aux violences de ce week-end, mais ont appelé à de nouvelles manifestations, samedi prochain.