La Thaïlande retarde finalement l’interdiction du glyphosate, du paraquat et du chlorpyriphos-éthyl

La Thaïlande retarde finalement l’interdiction du glyphosate, du paraquat et du chlorpyriphos-éthyl
(Photo : Mike Mozart / Flickr)

Les autorités thaïlandaises ont fait marche arrière quant à leur projet d’interdiction de trois pesticides à partir du 1er décembre, sous la pression des agriculteurs, du gouvernement américain et des lobbyistes des entreprises chimiques.

L’interdiction du paraquat et du chlorpyriphos-éthyl sera reportée au 1er juin de l’année prochaine, a déclaré le ministre de l’Industrie, Suriya Juangroongruangkit. Le glyphosate — généralement vendu sous la marque de désherbant Roundup — ne sera pas banni, mais son utilisation sera limitée, a-t-il ajouté mercredi à Bangkok.

L’un des partis de la coalition gouvernementale avait été le fer-de-lance de la campagne qui vise à interdire ces trois pesticides en raison des risques pour la santé. Mais cette proposition s’est finalement heurtée à la résistance du secteur agricole et des États-Unis.

Cela se traduirait par de « graves répercussions » sur les ventes thaïlandaises de produits agricoles tels que le soja et le blé, avait écrit le sous-secrétaire du ministère de l’Agriculture américain, Ted McKinney, dans une lettre adressée au Premier ministre thaïlandais, Prayut Chan-o-cha.

En interdisant ces produits phytosanitaires, l’industrie de l’alimentation animale aurait probablement été touchée, ce qui aurait causé 100 milliards de bahts (3 milliards d’euros) de pertes, a déclaré M. Suriya. Le gouvernement aurait également dû faire face à un projet de loi d’indemnisation de 20 milliards de bahts (606 millions d’euros) afin d’éliminer les stocks de ces pesticides et insecticides.

Selon le ministre de l’Industrie, les autorités envisagent de lancer une étude de quatre mois sur l’impact de l’interdiction du paraquat et du chlorpyriphos-éthyl, ainsi que sur les substituts disponibles.

Une interdiction motivée par des craintes pour la santé

Mardi, des manifestants se sont rendus au siège du gouvernement afin d’exhorter les autorités à examiner les preuves scientifiques, l’impact économique et l’existence de solutions de rechange.

La semaine dernière, CropLife Asia, un groupe commercial basé à Singapour qui représente les entreprises de pesticides, avait sollicité Prayut afin de retarder l’interdiction, en raison des perturbations potentielles dans le secteur agricole.

Des millions d’agriculteurs à travers le monde utilisent le Roundup, un produit chimique développé par la firme américaine Monsanto et désormais fabriqué par un certain nombre d’entreprises. L’an dernier, la société allemande Bayer AG a racheté Monsanto dans le cadre d’une opération évaluée à 63 milliards de dollars.

Plusieurs pays, comme le Vietnam et l’Autriche, interdisent ou restreignent déjà l’utilisation du glyphosate. Cette substance est à l’origine de plusieurs poursuites judiciaires aux États-Unis de personnes alléguant sa nocivité pour la santé. Le fabricant allemand insiste quant à lui sur le fait que son produit est sûr.

La Thaïlande emploie près de 11 millions de personnes, sur une population de 69 millions, dans le secteur agricole. Le pays est l’un des premiers exportateurs mondiaux de riz, de caoutchouc et de sucre.