Le coronavirus Covid-19 transforme la Thaïlande et l’Asie en foyers de surveillance de la population


(Photo : TNA Mcot)

Une étude révèle que la Thaïlande et l’Asie sont devenues des points névralgiques de surveillance de la population et présentent des risques élevés de violation de la vie privée. Cette situation résulte notamment du caractère permanent des mesures mises en place pour contenir la propagation du coronavirus Covid-19 dans de nombreux pays de la région.

L’indice du droit à la vie privée (RPI – Right to Privacy Index) évalue 198 pays au regard des violations de la vie privée liées. Cela concerne les actions de surveillance de masse, la conservation des données personnelles, les fouilles de domiciles et d’autres formes de transgression.

Selon les résultats, l’Asie est la région du monde qui présente le plus grand risque de tels abus.

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« L’Asie […] menace de sombrer dans de graves violations de la vie privée s’il n’y a pas de transparence en ce qui concerne l’utilisation des données, dans le cadre des mesures de surveillance de la Covid-19 », estime Sofia Nazalya, analyste des droits de l’homme pour la société Verisk Maplecroft.

Les pays asiatiques ont en moyenne enregistré de moins bons résultats que les nations des autres régions, indique-t-elle. La pandémie a permis aux autorités, de la Chine jusqu’à la Russie, d’accroître la surveillance. Selon les experts en droits numériques, la liberté d’expression est de plus en plus restreinte.

De nombreux pays ont renforcé les contrôles aux frontières et imposé des interdictions de déplacement. Certains ont intensifié le monitorage en utilisant l’intelligence artificielle et le « big data ». C’est précisément ce qui inquiète les défenseurs des droits de l’homme et les experts en matière de protection des données.



La Thaïlande parmi les pays les plus mal notés

Parmi les nations asiatiques les moins bien notées, on retrouve le Pakistan, la Chine, le Myanmar (Birmanie), la Thaïlande, le Cambodge, l’Inde et les Philippines. Par exemple, la police thaïlandaise indique qu’elle prévoit d’installer 5 000 caméras de surveillance supplémentaires à Bangkok au cours des quatre prochains mois.

Le pouvoir thaïlandais, soutenu par l’armée, a également prolongé l’état d’urgence malgré un nombre extrêmement limité de cas de Covid-19. Depuis sa première publication le 25 mars 2020, le gouvernement du général Prayut Chan-o-cha a ainsi reconduit à six reprises l’état d’urgence.

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En vertu de cette ordonnance, les citoyens sont priés de rester chez eux et d’éviter les rassemblements, bien que des manifestations antigouvernementales ont été organisées pour réclamer davantage de démocratie dans le royaume.

Le Premier ministre, Prayut Chan-o-cha, défend son utilisation au motif qu’il sert à freiner la propagation de la Covid-19. Il qualifie l’état d’urgence d’outil juridique pour les autorités afin de faire appliquer les mesures de contrôle du virus.



Applications de suivi et drones

Parallèlement, en réponse à la crise, la Chine a adopté des mesures draconiennes pour traquer le virus grâce à une surveillance de masse. Les applications sanitaires obligatoires deviennent un élément permanent du système Covid-19. L’utilisation des technologies de reconnaissance faciale apparaît également en progression.

Toujours en Chine, les autorités ont eu recours à des drones à commande vocale pour suivre les zones de concentration de la Covid-19.

Le pouvoir cambodgien s’est quant à lui offert des compétences exceptionnelles, comme la surveillance illimitée des réseaux sociaux. Une mesure censée s’attaquer aux « fake news », mais qui en réalité viserait les opposants politiques.

L’Inde représente la seule démocratie de la région à avoir rendu obligatoire le téléchargement d’une application de suivi, sous peine de prison ou d’amende. Le pays prévoit aussi d’introduire une base de données intérieure d’ici 2021. Selon le rapport, cela pourrait détériorer le respect de la vie privée.

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Les activistes affirment que les nations asiatiques ne disposent généralement pas d’une structure de contrôle adéquate des systèmes de surveillance de masse et d’une législation pour préserver la vie privée.

En dépit des obstacles, les gouvernements doivent être plus nombreux à introduire des lois sur la protection des données et à les appliquer, estime Mme Nazalya. Elle ajoute que les entreprises ne doivent pas ignorer cette problématique, car elle implique des risques pour leur réputation et leur respect des règles.

« La première étape consiste à faire pression sur la société civile pour qu’elle examine réellement ce qui doit être fait en matière de technologie, de violation des données et de respect de la vie privée », explique-t-elle.

« [Mais] en ce qui concerne le traitement de la confidentialité des données par le gouvernement, il faut qu’il y ait une transparence dans la manière dont [elles] sont utilisées, stockées et sur qui a accès à vos données privées. »