Manifestations en Thaïlande : 4e jour consécutif de rassemblement à Bangkok malgré l’état d’urgence renforcé


(Photo : The Standard)

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés en plusieurs points de Bangkok samedi (17 octobre), pour appeler à la démission du Premier ministre Prayut Chan-o-cha et de son gouvernement, au lendemain de heurts qui avaient vu la police utiliser des canons à eau pour disperser la foule.

En défiance de « l’état d’urgence renforcé » qui interdit les rassemblements de cinq personnes et plus, les manifestants, menés par des étudiants, se sont réunis pour un quatrième jour consécutif.

Les autorités avaient ordonné la suspension de la quasi-totalité des transports de la ville samedi après-midi, pour tenter de contrecarrer les protestataires, mais ces derniers se sont regroupés partout où ils ont pu.

Les organisateurs avaient annoncé que le rassemblement de samedi commencerait à 16 heures.



Ainsi, ils avaient appelé les participants à se rendre à proximité des stations de métro du BTS Skytrain et du MRT avant 15 heures, et à les désigner comme sites de protestation au cas où le réseau cesserait de fonctionner.

Samedi, la police n’est pas intervenue et les manifestations se sont dispersées dans le calme au cours de la soirée.

Bangkok est placée sous état d’urgence renforcé depuis le jeudi 15 octobre à 4 heures du matin. Celui-ci interdit tout rassemblement de cinq personnes ou plus ainsi que toute action susceptible d’entraîner des troubles.

La publication d’actualités et d’informations électroniques qui comportent des messages enclins à susciter la peur au sein du public, de déformer intentionnellement les faits ou de provoquer des malentendus susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale ou à la paix et à l’ordre est également interdite.


(Photo : Bangkok Post)

Ce décret a été émis par le Premier ministre Prayut Chan-o-cha pour tenter de maîtriser le mouvement de protestation antigouvernemental qui s’est renforcé depuis mercredi.

Ce jour-là, les manifestants s’étaient regroupés devant le monument de la démocratie, avant de se déplacer pour occuper les espaces situés autour du siège du gouvernement. Les opposants au pouvoir avaient été dispersés le lendemain matin par la police antiémeute et plusieurs leaders avaient été arrêtés.

Jeudi, un grand rassemblement a eu lieu à l’intersection de Ratchaprasong, au cœur de Bangkok. Selon les autorités, au moins 10 000 personnes étaient réunies.



Vendredi, les manifestants se sont regroupés au carrefour de Pathum Wan, non loin de Ratchaprasong. À 18 h 30, les forces de sécurité en tenue antiémeute ont commencé à s’approcher des contestataires puis les ont dispersés à l’aide de canons à eau.

Selon la police, l’eau projetée était mélangée à un colorant bleu et à des substances chimiques « irritantes, mais non toxiques ». Plusieurs manifestants ont été blessés et d’autres ont été arrêtés.

Les autorités ont déclaré que leurs actions étaient conformes aux normes internationales et qu’elles étaient légitimes en vertu du droit thaïlandais. Le porte-parole de la police, Krissana Pattanacharoen, a exprimé ses regrets aux manifestants blessés, mais a ajouté que cela ne serait pas arrivé « si aucun acte illégal n’avait été commis ».



L’utilisation de canons à eau et de produits chimiques irritants a été dénoncée comme non nécessaire, dans la mesure où les manifestants n’étaient pas armés et où nombre d’entre eux étaient très jeunes.

Le mouvement antigouvernemental et prodémocratie réclame la fin du pouvoir du Premier ministre Prayut Chan-o-cha, une révision de la constitution actuelle, qui fut rédigée et adoptée sous le régime de la junte de Prayut, et une réforme de la monarchie.

En 2014, Prayut, alors chef de l’armée, a mené un coup d’État militaire pour renverser le gouvernement démocratiquement élu de Yingluck Shinawatra. Il a ensuite contrôlé la Thaïlande pendant cinq ans, avant qu’un scrutin général organisé en 2019, et dénoncé comme non transparent par l’opposition, ne permit à son parti politique nouvellement créé de se maintenir au pouvoir civilement.