Le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-o-cha affirme qu’il ne quittera pas son poste malgré les appels répétés à sa démission

Le Sénat approuve un prêt de 500 milliards de bahts


Le Premier ministre thaïlandais, le général Prayut Chan-o-cha, a déclaré hier (14 juin 2021) qu’il resterait en fonction jusqu’à la fin de son mandat et navait aucune intention de démissionner. Cette annonce fait écho aux spéculations selon lesquelles le Parlement pourrait être dissous et de nouvelles élections convoquées avant l’expiration de son quadriennat en 2023.

Lundi, alors qu’il traitait d’un décret qui vise à lever 500 milliards de bahts (13,5 milliards d’euros) supplémentaires pour lutter contre les conséquences économiques du coronavirus Covid-19, le Premier ministre a déclaré au Sénat que toute critique à son encontre ne ferait que renforcer sa détermination.



À la suite des élections générales de 2019, la chambre haute thaïlandaise se compose désormais de 250 membres désignés par les militaires de la junte qui était au pouvoir avant le scrutin. Il est donc considéré comme un simple appareil d’enregistrement, un organe sans influence notable sur la vie politique.

« Au cours de mes sept années au pouvoir, il n’y a eu aucune corruption. Je n’ai pas reçu un seul baht. J’ai travaillé dans un système démocratique avec un gouvernement élu. De combien de démocratie avez-vous encore besoin ? Avez-vous le droit d’insulter quelqu’un ? A-t-on le droit de manquer de respect à ses parents ? A-t-on le droit de maltraiter ses professeurs ? » a-t-il lancé.

Faisant référence à l’augmentation de la dette nationale, qui franchira prochainement la limite prévue, le général Prayut estime son gouvernement ne doit pas en être tenu pour responsable.

« Nous devons nous demander si c’est nécessaire… quel était le niveau avant mon arrivée. Ai-je créé ces dettes à moi tout seul ? » questionna-t-il.

Au 31 mars de cette année, la dette nationale de la Thaïlande s’élevait à 8,5 trillions de bahts (225 billiards d’euros), soit 54,3 % du produit intérieur brut (PIB). La loi sur les finances publiques et la discipline budgétaire de 2018 limite la dette du royaume à 60 % du PIB. L’emprunt la poussera à 58,6 % du PIB, mais compte tenu de la situation économique défavorable, la croissance se révélera probablement très faible cette année, ce qui accroîtra encore ce chiffre et nécessitera éventuellement de relever le plafond.

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Au terme des débats, les sénateurs ont voté en faveur de ce décret par 205 voix pour, 0 contre et 2 abstentions.

Au sujet de l’organisation polémique de la campagne vaccinale contre le Covid-19, le général Prayut indique qu’il a donné des instructions au Centre de gestion de la crise Covid-19 (CCSA) et à l’administration métropolitaine de Bangkok (Bangkok Metropolitan Administration – BMA) pour résoudre leurs différends.

Il faisait ainsi référence à un conflit entre les deux agences qui a éclaté le week-end dernier.

Le litige est apparu au grand jour lorsque plusieurs hôpitaux de Bangkok ont annulé des rendez-vous de vaccination samedi en fin de journée en raison d’un approvisionnement insuffisant.

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Initialement, les protestations étaient dirigées vers le ministère de la Santé publique. Néanmoins, le ministre Anutin Charnvirakul a par la suite affirmé que son cabinet avait déjà octroyé les stocks selon les niveaux précédemment fixés par le CCSA et que c’était à ce dernier de décider des quantités attribuées.

M. Anutin accuse alors la BMA, qui, selon lui, était responsable de la distribution aux centres de vaccination.

Il soutient que son ministère a simplement remis les lots à la municipalité, qui était chargée de gérer l’approvisionnement et de veiller à ce qu’il en demeure suffisamment jusqu’à la distribution suivante.

Il s’est avéré que la BMA avait inoculé la quasi-totalité du stock. En guise de défense, la mairie de la capitale a fait valoir qu’elle ne possédait aucun contrôle sur le nombre d’injections enregistrées par le biais de l’application Mor Prom. Cette dernière, publiée par le ministère de la Santé, permet en effet aux habitants de tout le pays de solliciter un rendez-vous.