Des affrontements ont eu lieu à proximité du Grand Palais de Bangkok en début de soirée samedi (13 février 2021), entre des opposants au pouvoir — qui s’étaient réunis un peu plus tôt afin de dénoncer la loi de lèse-majesté qui protège la monarchie de Thaïlande — et les forces de l’ordre.
Auparavant, dans le calme, les activistes avaient entouré le monument de la démocratie d’un tissu rouge, symbole du sang des combattants pour la démocratie.
Alors que les manifestants s’étaient déplacés depuis le monument de la démocratie vers le sanctuaire de la ville et que les principaux leaders avaient appelé à la dispersion, plusieurs détonations ont été entendues et de la peinture a été projetée sur les policiers. Ces derniers ont répondu par la force afin de faire évacuer les lieux.
Le porte-parole adjoint de la police thaïlandaise, Kissana Pattanacharoen, a déclaré que 23 officiers ont été blessés lors des affrontements et que 11 manifestants ont été interpellés.
La protestation de samedi faisait écho à l’arrestation cette semaine de quatre personnalités de premier plan du mouvement, accusées d’avoir insulté la monarchie lors de rassemblements antigouvernementaux l’année dernière.
La loi relative à la lèse-majesté, qui figure à l’article 112 du Code pénal thaïlandais, prévoit des sanctions qui peuvent atteindre 15 ans de prison par accusation. Selon les activistes étudiants, cette disposition est utilisée abusivement depuis des décennies afin de réprimer l’opposition politique face au régime militaro-royaliste.
« Nous voulons que l’article 112 soit abrogé et que les quatre leaders et autres prisonniers politiques condamnés par cette loi soient libérés », a déclaré une manifestante présente hier.
Le gouvernement en place, conduit par l’ancien chef de la junte militaire, Prayut Chan-o-cha, nie tout usage excessif de ce système. Il affirme que l’opposition politique est autorisée, mais que le fait d’enfreindre la loi en insultant l’institution sera puni.
La Thaïlande est officiellement une monarchie constitutionnelle. Mais le roi est considéré comme le garant de la religion bouddhiste et de la nation par la société thaïlandaise conservatrice.
Le mouvement de protestation mené par des étudiants, qui a émergé l’année dernière, a brisé de nombreux tabous de longue date. Notamment en s’exprimant ouvertement sur le roi Maha Vajiralongkorn, qui, selon eux, aurait accumulé un pouvoir personnel trop important depuis sa prise de pouvoir après la mort de son père en 2016.
Bien que le Palais refuse de commenter directement les manifestations, Prayut et d’autres membres du gouvernement soutiennent que les critiques à l’encontre du monarque demeurent illégales et inappropriées.