Thaïlande : décès de l’ex-Premier ministre et homme d’État Prem Tinsulanonda

Thaïlande : décès de l'ex-Premier ministre Prem Tinsulanonda
(Photo : พีรพัฒน์ วิมลรังครัตน์)

Le général Prem Tinsulanonda, l’une des personnalités politiques les plus influentes de Thaïlande de ces quatre dernières décennies, est décédé dimanche, à l’âge de 98 ans. Il a notamment occupé des fonctions militaires, le poste de Premier ministre et celui de président du Conseil privé de Thaïlande pour le Palais Royal.

Son décès, survenu dimanche à l’hôpital Phramongkutklao de Bangkok, a été annoncé par le gouvernement, confirmant des informations non officielles publiées un peu plus tôt par la presse thaïe.

Prem est particulièrement connu pour son dévouement de longue date à la monarchie, en particulier en faveur du défunt Roi Bhumibol Adulyadej, qui l’avait nommé au Conseil privé immédiatement après sa démission du poste de Premier ministre, avant de prendre la tête de ce puissant organe consultatif en 1998.

Le général Prem fut Premier ministre de 1980 à 1988. Alors que la plupart des chefs de l’armée thaïlandaise sont parvenus à ce poste par le biais de coups d’État, Prem avait pour sa part été élu par le Parlement, sans pour autant se porter candidat.

Le général Prem semblait jouir d’une santé très saine pour son âge. Il était cependant apparu affaibli lors de ses deux dernières apparitions publiques : à l’occasion des élections générales de mars et du couronnement de S.M. le Roi Maha Vajiralongkorn, au début du mois.

En tant que Premier ministre, Prem a essuyé deux tentatives de coup d’État et aurait été la cible de plusieurs tentatives d’assassinat de la part de ses opposants au sein de l’armée.

L’ascension politique et militaire de Prem

En 1980, des officiers subalternes avaient incité le général Prem, jusqu’alors réticent, à accepter le poste de Premier ministre. Le pays faisait face à une économie fragilisée et à des menaces le long de sa frontière avec le Cambodge, pays occupé par les forces vietnamiennes qui avaient chassé les Khmers rouges mais aussi fait affluer des centaines de milliers de réfugiés en Thaïlande. Parallèlement, la Thaïlande a su renforcer ses liens avec la Chine et ses alliés occidentaux, japonais et d’Asie du Sud-Est.

Sur le plan intérieur, le général Prem s’est appuyé sur une amnistie générale et d’autres moyens politiques pour faire chavirer massivement le mouvement de guérilla communiste qui menaçait alors la Thaïlande.

Le général Prem est né le 26 août 1920, dans la ville portuaire de Songkhla, sud de la Thaïlande. Il a fréquenté la prestigieuse Académie militaire Royale Chulachomklao de Bangkok, ainsi que des établissements de l’armée américaine. Il débuta sa carrière militaire en 1941 en tant que sous-lieutenant dans un régiment de chars de combat.

De 1974 à 1977, alors qu’il était commandant de l’armée dans le nord-est rural et défavorisé de la Thaïlande, il prôna le développement et l’action civile plutôt que la puissance militaire au cours de sa campagne contre les insurgés communistes, ce qui lui valut sa première ascension à l’échelon national.

En 1977, il est nommé vice-ministre de l’Intérieur, puis commandant en chef de l’armée et ministre de la Défense. Suite à la démission de Kriangsak Chomanand, lui aussi ancien leader militaire, il devint Premier ministre en mars 1980.

Alors que la crise avec le Cambodge se dissipait finalement avec le temps, Prem eut la chance de connaître le début du boom économique du pays, avant le coup d’arrêt causé par la crise financière qui dévasta l’Asie en 1997.

Le Premier ministre Prayuth Chan-o-cha a qualifié Prem de « modèle pour les Thaïlandais qui aiment leur pays « .