La Thaïlande s’est déclarée prête à reprendre les négociations en vue d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne, dès que le nouveau gouvernement sera en place, avec l’espoir de compenser le déclin des échanges commerciaux à l’échelle mondiale.
Les autorités thaïlandaises tentent de décrocher une ouverture des négociations avec l’UE, les troisième partenaire commercial du pays, après la suspension de celles-ci suite au coup d’État militaire de mai 2014. L’UE et ses États membres ont en effet indiqué qu’ils ne signeront aucun accord tant qu’un gouvernement démocratiquement élu ne sera pas en place en Thaïlande.
Des responsables commerciaux thaïlandais et européens se sont réunis mardi 11 juin à Bruxelles, en Belgique, afin d’évoquer la possibilité de relancer ces négociations. Cependant, comme la Thaïlande est en attente de formation d’un nouveau gouvernement, aucun détail spécifique relatif à un éventuel accord commercial ne sera discuté, a expliqué Auramon Supthaweethum, directrice générale du Département des négociations commerciales auprès du ministère du Commerce.
La Thaïlande se prépare plutôt à entamer des négociations officielles au cours du second semestre de cette année, a-t-elle ajouté.
Parallèlement, les tensions commerciales qui perdurent entre les États-Unis et la Chine ont provoqué un ralentissement du commerce mondial depuis la mi-2018. Cela s’est répercuté sur les échanges entre la Thaïlande et l’UE, qui n’ont augmenté que de 6 % en 2018, contre 10,8 % en 2017. Cette tendance s’est encore clairement accentuée au premier trimestre 2019, qui a enregistré un recul de 11 % par rapport à la même période un an plus tôt.
Le Vietnam prend une longueur d’avance sur la Thaïlande
Au cours des quatre premiers mois de cette année, les échanges commerciaux entre la Thaïlande et l’UE ont été évalués à 13,4 milliards de dollars, les exportations thaïlandaises représentant environ 7 milliards et les importations environ 6 milliards. Cette évolution caractérise une baisse significative des transactions bilatérales, qui s’étaient établies à 15,1 milliards de dollars au premier trimestre 2018.
Les échanges commerciaux entre la Thaïlande et l’UE devraient continuer à décliner au second semestre 2019, avec des perspectives peu prometteuses au cours des prochaines années si Bangkok est incapable de négocier rapidement un accord avec le bloc européen, prévient Aat Pisanwanich, directeur du Centre des études commerciales internationales à l’université de la Chambre de commerce thaïlandaise (CITS).
« Cela tient au fait que le Vietnam, l’un des principaux concurrents de la Thaïlande en termes d’exportations, a conclu un accord de libre-échange avec l’UE qui entrera en vigueur au troisième trimestre de cette année », a-t-il expliqué.
Les produits vietnamiens en concurrence avec ceux thaïlandais, comme les appareils électroménagers, le riz et les fruits, deviendront encore plus compétitifs après la baisse des droits de douane, a indiqué M. Aat. Cela devrait entraîner une réduction de la part de marché de la Thaïlande sur le marché européen et avoir des effets négatifs à long terme sur les exportations thaïlandaises si un accord commercial Thaïlande-UE n’est pas conclu rapidement.
Les recherches du CITS suggèrent qu’après l’entrée en vigueur de l’accord Vietnam-UE, les exportations vietnamiennes vers l’Union passeront de 50 à 70 milliards de dollars par an. Cette situation devrait causer un manque à gagner de 20 milliards de dollars pour les exportations thaïlandaises au deuxième trimestre de cette année, et de 40 milliards au cours des deux prochaines années.