La Thaïlande a prolongé l’état d’urgence, en vigueur depuis fin mars, pour un mois supplémentaire, soit jusqu’au 31 juillet. Il s’agit de la troisième extension, et ce malgré le fait qu’aucune transmission locale de coronavirus Covid-19 n’ait été signalée depuis plus d’un mois et que la levée des mesures de confinement se déroule sans encombre.
« L’état d’urgence est essentiel pour assurer le contrôle des déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du Royaume », estime le Dr Taweesilp Visanuyothin, porte-parole du Centre de gestion de crise de la Covid-19 (CCSA), présidé par le Premier ministre Prayut Chan-o-cha.
« En outre, la quarantaine gouvernementale et le traçage sont régis par l’état d’urgence. C’est le seul moyen de contrôler efficacement la maladie », ajoute-t-il.
Cette décision intervient en même temps que la phase finale de l’assouplissement des mesures de confinement en Thaïlande. Parmi les lieux autorisés à rouvrir le 1er juillet figurent toutes les écoles, les bars, les boîtes de nuit, les karaokés, les salons de massage et les cybercafés. Tous sont considérés comme des établissements à haut risque épidémiologique.
En Thaïlande, le déconfinement a débuté le 3 mai avec la réouverture des parcs, des restaurants, des salles de sport en plein air et des salons de coiffure.
Malgré tout, les restrictions imposées afin d’assurer la distanciation sociale demeurent inchangées, privant souvent de nombreux commerces d’une large proportion de leur clientèle habituelle.
Par ailleurs, tous les bars, restaurants et lieux de divertissement devront fermer leurs portes avant minuit, et des séparations devront être installées afin d’assurer une distance d’un mètre entre chaque client. Les équipements sportifs pourront quant à eux organiser des compétitions, mais sans spectateurs.
L’état d’urgence, outil répressif ?
Cependant, des interrogations ont été formulées quant à la nécessité réelle du maintien de l’état d’urgence. En effet, aucune nouvelle transmission locale n’a été enregistrée depuis 36 jours. Les seuls cas signalés concernent des Thaïlandais rapatriés de l’étranger et placés en quarantaine dans les installations de l’État.
Sunai Phasuk, de l’ONG Human Rights Watch, cité par le Straits Times, estime qu’« il n’y a pas de preuve solide pour justifier la prolongation de l’état d’urgence. Il est maintenant clair [qu’il] sert de couverture à une action répressive qui vise à étouffer toute contestation sous couvert de la protection de la santé publique ».
« L’extension des pouvoirs liés à l’état d’urgence donnera aux autorités thaïlandaises des moyens illimités pour museler les opinions contraires, arrêter les dissidents et interdire les rassemblements pacifiques pour des raisons politiques », ajoute-t-il.
Parmi les personnes inculpées pour avoir violé l’état d’urgence figurent six manifestants qui réclamaient des explications concernant un militant thaïlandais en exil au Cambodge qui aurait été enlevé le 4 juin. Ceux-ci encourent une peine maximale de deux ans de prison.
Malgré cette menace, de nombreuses personnes se sont rassemblées dans et en dehors de la capitale Bangkok le 24 juin — date du 88e anniversaire de la fin de la monarchie absolue en Thaïlande — pour demander plus de démocratie et de pouvoir pour les citoyens.
Un couvre-feu nocturne fut également imposé entre le 3 avril et le 14 juin. Près de 36 000 personnes ont été arrêtées pour l’avoir enfreint pendant cette période, selon Krisana Pattanacharoen, porte-parole de la police nationale.
Mardi 30 juin, la Thaïlande comptait officiellement 3 171 cas de coronavirus Covid-19 et 58 décès.