Le gouvernement a de nouveau prolongé l’état d’urgence en vigueur en Thaïlande, jusqu’à la fin du mois de juin, malgré les appels de l’opposition à sa levée après la diminution du nombre de nouveaux cas de coronavirus Covid-19.
« Cette mesure demeure indispensable pour limiter les risques d’une seconde vague, alors que le confinement est désormais allégé », a déclaré mardi la porte-parole du gouvernement Narumon Pinyosinwat, après le conseil des ministres.
L’état d’urgence, décrété fin mars, donne au Premier ministre Prayut Chan-o-cha des pouvoirs étendus, notamment pour interdire les rassemblements importants, et par conséquent les manifestations antigouvernementales similaires à celles qui précédaient l’apparition du virus.
Les autorités ont amorcé depuis début mai l’assouplissement du confinement de façon progressive, en vue de relancer l’économie. Elles insistent cependant sur le fait que l’état d’urgence n’est pas motivé par des considérations politiques, mais bien par la volonté de lutter contre le virus.
L’opposition estime quant à elle qu’une stratégie législative plus modérée permettrait de gérer la pandémie. En outre, elle envisage de saisir la justice pour contester le caractère légal du budget de 1 900 milliards de bahts (55 milliards d’euros) destiné à soutenir l’économie désormais très affaiblie et en récession.
« La nouvelle prolongation constitue un renforcement du pouvoir et un abus inutile de celui-ci », affirme Anusorn Iamsa-ard, porte-parole du Pheu Thai, le principal parti d’opposition. Le Pheu Thai envisage de demander à la Cour constitutionnelle d’évaluer la validité des mesures de relance si les débats parlementaires n’apportent pas de réponses claires.
L’état d’urgence pour éloigner les opposants ?
Dans le cadre de l’état d’urgence, l’exécutif a déployé plusieurs décrets pour tenter d’aider l’économie. Ceux-ci prévoient un emprunt de 1 000 milliards de bahts (29 milliards d’euros) consenti par le gouvernement et 900 milliards de bahts (26 milliards d’euros) de mesures supplémentaires qui émanent de la Banque de Thaïlande.
Le Conseil national de développement économique et social estime que le produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande pourrait se contracter de 6 % cette année en raison des dommages causés au tourisme et aux exportations. Certains analystes tablent en outre sur la perte de 10 millions d’emplois.
Le général Prayut, ancien chef des armées, est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2014. Il a ensuite gouverné à la tête d’une junte militaire pendant cinq ans, avant de reconduire son mandat après des élections contestées l’année dernière, tenues sur la base de règlements élaborés par la junte elle-même.
Avant que les grands rassemblements ne soient interdits en raison du virus, le général Prayut et ses partisans au sein des institutions ont été confrontés à des mouvements de contestation croissants de la part des opposants.
Mercredi 27 mai, la Thaïlande comptait officiellement un total de 3 054 cas de Covid-19. L’immense majorité d’entre eux sont rétablis et très peu de nouvelles infections, voire aucune, ont été détectées au cours des derniers jours. Les autorités restent néanmoins prudentes face au risque de seconde vague, alors que les mesures de confinement sont désormais allégées.