Quelques milliers de royalistes thaïlandais vêtus de jaune ont organisé leur plus grande manifestation de soutien à la monarchie dimanche (1er novembre), après des mois de contestation pour réclamer une réforme des institutions et la démission du gouvernement.
« Il est temps de sortir pour protéger notre chère monarchie », a déclaré Bin Bunleurit, ancien acteur devenu secouriste bénévole, qui avait encouragé le grand public à se rassembler autour du palais royal de Bangkok.
« Chacun a le droit de réclamer les changements qu’il souhaite, mais pour quelle raison veut-il réformer la monarchie ? »
Les manifestants affirment que les pouvoirs du roi Maha Vajiralongkorn sont trop importants et souhaitent inverser les changements qui lui ont conféré le contrôle personnel de certaines unités de l’armée et de la fortune du palais.
Ces derniers dénoncent également les longs séjours du roi en Allemagne et estiment que la monarchie a contribué à des décennies de domination militaire en permettant des coups d’État comme celui de l’actuel Premier ministre Prayut Chan-o-cha en 2014.
Les protestations des étudiants et de la jeunesse visaient initialement à obtenir la destitution de Prayut, mais elles se sont également transformées en défi posé à la monarchie.
Les manifestations les plus marquantes ont attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes. Jusqu’à présent, leurs rassemblements se sont révélés bien plus importants que ceux des royalistes, alors même que des membres des forces de sécurité avaient reçu l’ordre de grossir les rangs de ces derniers.
Suwit Thongprasert, un moine bouddhiste défroqué devenu leader royaliste, était l’une des têtes de proue de la foule de dimanche.
« C’est un signal envoyé à ceux qui veulent abolir la monarchie pour qu’ils pensent au peuple », a-t-il déclaré.
Au mois d’octobre, le gouvernement de Prayut a interdit les manifestations et fait arrêter un grand nombre des personnalités du mouvement, mais ces mesures prises dans le cadre d’un « état d’urgence renforcé » ont finalement été annulées, après qu’elles se sont retournées contre lui en entraînant beaucoup plus de monde dans les rues de la capitale Bangkok.
Ce week-end, trois leaders très en vue ont été hospitalisés après l’annonce par la police qu’ils seraient à nouveau arrêtés au terme de leur détention. L’un d’entre eux s’est évanoui durant son interpellation au cours de scènes qui ont provoqué la colère des manifestants.
Prayut a déjà fait savoir qu’il n’avait aucune intention de démissionner et réfute les accusations selon lesquelles les élections de l’année dernière auraient été élaborées à son profit.
Le roi déclare « aimer » tous les Thaïlandais et qualifie son pays de « terre de compromis »
Dans un commentaire inédit, le roi a qualifié la Thaïlande de « pays du compromis » dimanche soir, et a déclaré « aimer » tous les Thaïlandais après des mois de protestations pour appeler, notamment, à réformer la monarchie.
Zigzaguant à travers la foule pour saluer ses partisans, le monarque — accompagné d’autres membres de la famille royale — a été interrogé par un journaliste de la chaîne britannique Channel 4 au sujet des manifestants qui réclament des changements.
As thousands of protesters in Thailand demand reform to the monarchy, the King has told Channel 4 News/CNN in an exclusive interview that "we love them all the same" and Thailand is "the land of compromise" – suggesting there may be a way out of the months long political standoff pic.twitter.com/GJoizuYZfz
— Channel 4 News (@Channel4News) November 1, 2020
« Nous les aimons tous de la même manière », a-t-il répété trois fois au journaliste, comme en témoignent les images publiées sur le compte Twitter officiel de la chaîne.
À la question de savoir s’il y avait une possibilité de compromis, il a répondu : « La Thaïlande est le pays du compromis. »
Il s’est alors éloigné, et tandis qu’il se déplaçait au milieu de la foule, les royalistes scandaient : « Nous vivrons loyalement, nous mourrons fidèlement » et « Vive le roi ! »