Thaïlande : nouvelle arrestation d’un leader étudiant opposé au régime, en amont d’appels à manifester

Thaïlande : nouvelle arrestation d’un leader étudiant opposé au régime, en amont d’appels à manifester

Parit Chiwarak salue ses soutiens depuis une fenêtre du commissariat de Samran Rat


Le leader étudiant Parit Chiwarak salue ses soutiens depuis une fenêtre du commissariat de Samran Rat

Le leader étudiant Parit « Penguin » Chiwarak a été arrêté vendredi par la police thaïlandaise sur la base de plusieurs chefs d’accusation, notamment pour sédition, alors que le climat de tension ne cesse de se durcir dans le pays, à l’approche d’un grand rassemblement prodémocratie prévu dimanche après-midi à Bangkok.

Son interpellation a eu lieu à l’université Thammasat de Muang Thong Thani, province de Nonthaburi, nord-ouest de Bangkok, alors qu’il se préparait à participer à un nouveau rassemblement antigouvernemental. Après qu’un fonctionnaire du Bureau de la police métropolitaine lui a lu le mandat d’arrêt, quatre agents en civil ont saisi M. Parit par les bras et les jambes et l’ont traîné dans une voiture banalisée, alors qu’il refusait de les suivre.

Plusieurs dizaines de personnes présentes ont pu prendre des vidéos avec leur téléphone et les publier sur Twitter, sur lequel le hashtag #SaveParit s’est immédiatement diffusé.

« Penguin » a été conduit au commissariat de Samran Rat pour répondre à des accusations de sédition, d’agression et d’organisation d’un événement susceptible de propager une maladie. Vendredi soir, sous la pluie, plusieurs dizaines de partisans se sont réunis devant le poste de police pour demander sa libération. Ceux-ci l’ont acclamé lorsqu’il est apparu brièvement à la fenêtre du deuxième étage et les a salués.

Ces allégations découlent d’un rassemblement organisé par le mouvement de la Jeunesse libre au Monument de la démocratie le 18 juillet. Il s’agissait alors de la première grande manifestation contre le gouvernement depuis l’assouplissement des restrictions imposées pour lutter contre la propagation du coronavirus Covid-19.

M. Parit serait également accusé du crime de lèse-majesté, mais cette allégation ne figurait pas sur l’acte d’accusation de vendredi.

Les mouvements Jeunesse libre et Peuple libre ont publié un communiqué qui demande la libération immédiate du militant, et ajoute que l’action de la police soulignait l’intention des autorités d’intimider les détracteurs du pouvoir.

Peu de temps après, plusieurs personnalités et organisations, dont l’université Thammasat, ont intercédé pour aider M. Parit à obtenir une libération sous caution.

Son arrestation intervient une semaine après celle de l’avocat Arnon Nampha et celle du militant étudiant Panupong Jadnok, qui sont accusés des mêmes faits que lui. Ils sont actuellement en liberté sous caution après que le tribunal pénal a rejeté samedi dernier une demande de détention de la police pour une durée de 12 jours.

L’une des conditions de leur remise en liberté se traduit par une interdiction de se livrer à des agissements similaires à ceux qui ont conduit à leur inculpation initiale. La police affirme qu’ils ont depuis lors enfreint ces clauses et a demandé au tribunal de lever la caution. Une audience est prévue le 3 septembre.

M. Panupong était au commissariat de Samran Rat vendredi soir pour témoigner de son soutien à M. Parit.



Montée des tensions politiques en Thaïlande

Le climat politique n’a cessé de croître ces derniers jours, les étudiants continuant à faire valoir leurs revendications, notamment la dissolution de la Chambre, la fin des intimidations contre les critiques du gouvernement et la rédaction d’une nouvelle Constitution.

Depuis lundi, le risque d’affrontement s’est accru. Au cours d’un rassemblement à l’université Thammasat, des milliers de personnes ont pu assister à la publication d’un manifeste inédit en dix points qui appelle à une réforme de la monarchie sous l’égide de la constitution.

Le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a de son côté affirmé que si le peuple avait le droit à la liberté d’expression, il était inacceptable de mêler la monarchie au débat. Il a également ordonné une enquête sur le financement de l’événement de Thammasat.

Le leader du « Progressive Movement », Thanathorn Juangroongreangkit, a estimé vendredi, avant l’arrestation de M. Parit, que les demandes des manifestants devraient être mises sur la table des négociations, ajoutant que la répression ne résoudra pas les problèmes politiques de la Thaïlande.

Il a également appelé toutes les parties à faire preuve d’ouverture d’esprit pour trouver une solution et a critiqué le général Prayut pour son manque de sincérité.

Rassemblement étudiant à l’université Chulalongkorn

En outre, vendredi, des centaines de manifestants ont bravé la pluie pour se rassembler à la faculté des arts de l’université Chulalongkorn, réclamant le retour à la démocratie, malgré le refus de l’établissement de les laisser s’exprimer sur le campus, pour des raisons de sécurité. La zone autour de deux statues royales avait été barrée pour empêcher les étudiants de s’y approcher.

La pluie a finalement forcé les manifestants à entrer dans le bâtiment de la faculté, où la foule a atteint quelque 800 personnes au cours de la soirée.

Mise à jour : Parit Chirawak a été libéré sous caution samedi en début d’après-midi.