Élections en Thaïlande : la Commission annonce les résultats définitifs, pas de vainqueur net mais la junte en position favorable

Élections en Thaïlande : la Commission annonce les résultats définitifs, pas de vainqueur net mais la junte en position favorable
La Commission électorale a annoncé les résultats définits du scrutin du 24 mars 2019 (Photo : Khaosod)

Longtemps retardés, les résultats des premières élections organisées en Thaïlande depuis le coup d’État militaire de 2014 ont été annoncés mercredi.

Même si aucune formation ne dispose d’une avance conséquente, le parti pro-junte Palang Pracharath pourrait réussir à maintenir Prayut Chan-o-cha au poste de Premier ministre.

L’opposition a menacé d’intenter une action en justice pour contester les résultats de mercredi. Selon elle, la nouvelle méthode de répartition des sièges a privé son alliance dite du « front démocratique » d’une majorité à la Chambre des représentants, qui en compte un total de 500.

Ces résultats devraient déboucher sur une période transitoire de formation d’une coalition, puisque ni le bloc pro-militaire, ni celui d’opposition, ne disposent à ce jour de suffisamment de voix pour désigner un Premier ministre.

Le gouvernement qui en sortira risque d’être fragilisé, puisque même si le parti du chef de la junte est en mesure de conserver le pouvoir, il pourrait faire face à la possibilité de défections de certains de ses alliés.

Il pourrait encore falloir plusieurs semaines avant qu’un gouvernement soit formé et qu’un comité choisi par la junte achève la nomination du Sénat, la chambre haute du Parlement qui comptera 250 sièges et votera en séance plénière avec la Chambre élue pour désigner le Premier ministre.

Néanmoins, les résultats des élections annoncés mercredi ont rendu vraisemblable le maintien au pouvoir du parti de l’actuel chef du gouvernement, Prayut Chan-o-cha. Il lui faudra en effet moins d’alliés parmi les petits et moyens partis pour obtenir les 376 voix nécessaires à l’obtention d’une majorité.

Le parti de Prayut, le Palang Pracharat, s’est déclaré optimiste même s’il n’a pas encore fait connaître ses éventuelles alliances.

« Nous allons nous coordonner avec d’autres partis qui partagent notre idéologie et sont intéressés par la formation d’un gouvernement commun », a déclaré Uttama Savanayana, l’un des leaders du parti et ancien ministre sous les précédents cabinets de Prayut.

L’opposition accuse la Commission de favoritisme

Le parti d’opposition Pheu Thai, associé à l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, s’est engagé à « poursuivre tous les moyens légaux » pour renverser la formule de la Commission électorale qu’il qualifie de favorable aux petits partis, au détriment des nombreuses voix qui lui ont été attribuées.

« Le Pheu Thai considère les travaux de la Commission électorale comme des actes délibérés et comme un abus de pouvoir en violation de la Constitution et de la loi », a-t-il déclaré dans un communiqué.

L’opposition s’était déjà plainte du fait que les règles électorales post-coup d’État avaient été rédigées pour donner un avantage aux partis pro-armée, dans la mesure où le Sénat sera probablement acquis à la cause du parti de Prayut. La Commission électorale et la junte nient cependant tout favoritisme dans la rédaction de la loi électorale.

Le Palang Pracharat n’a besoin que de 126 sièges à la Chambre pour maintenir Prayut au pouvoir, dans l’hypothèse où il récoltera la plupart, voire la totalité, des 250 voix du Sénat nommé par la junte.

Ce parti a remporté 115 sièges à la Chambre des représentants, selon les derniers résultats de la Commission électorale. Les partis avec lesquels il est allié ont remporté sept sièges, soit un total de 122 voix.

Cela signifie que Palang Pracharat n’a besoin que de quatre voix supplémentaires parmi les 16 partis non alignés qui ont remporté 131 sièges au total.

Le « front démocratique » de sept partis a quant à lui remporté un total de 245 sièges à la Chambre, soit un peu moins que la majorité.

Deux sièges n’ont pas encore été attribués dans l’attente de nouvelles élections ordonnées par la Commission électorale.

Selon les règles électorales, il est pratiquement impossible pour l’opposition de contourner le vote du Sénat pour former un gouvernement.

Elle espère toutefois que l’obtention d’une majorité à la Chambre basse lui permettra d’empêcher la junte de conserver un pouvoir sans limite qu’elle exerce depuis le coup d’État militaire il y a cinq ans.