Ce dimanche 24 mars, la Thaïlande tiendra ses premières élections législatives depuis le coup d’État militaire de 2014. Au total, 69 candidats issus de 45 partis brigueront le siège de Premier ministre une fois la nouvelle assemblée formée. Découvrons les six personnalités qui joueront un rôle clé lors de ce scrutin.
Prayut Chan-o-chan / Parti Palang Pracharath
L’actuel Premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha, a pris le pouvoir lors d’un coup d’État militaire mené contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra en mai 2014.
Il s’est emparé du pouvoir au beau milieu de conflits politiques marqués par des mois de protestations, parfois violentes, ayant paralysé les rues de Bangkok et une bonne partie de l’économie thaïlandaise.
Tout en étant crédité d’avoir su restaurer un climat de paix et de stabilité, il fait aussi l’objet de vives critiques, notamment pour avoir muselé ses opposants et fait reculer la liberté de la presse.
Selon lui, cette décision d’entrer dans la course électorale a été prise afin d’assurer la continuité des initiatives politiques de son gouvernement.
Il a été désigné comme candidat au poste de Premier ministre par le Parti Palang Pracharath, une formation fraîchement constituée et considérée comme le bras politique de l’armée.
Ses détracteurs craignent que le système électoral inscrit dans la Constitution ait été mis en place uniquement pour lui accorder un avantage sur les autres candidats.
À l’approche du scrutin, ses opposants politiques ont tenté de faire pression pour qu’il quitte son poste de Premier ministre et soit sur un pied d’égalité avec les autres candidats, en vain.
Le général Prayut a également refusé de prendre part aux débats électoraux, estimant que ce serait une perte de temps pour lui.
Sudarat Keyuraphan / Parti Pheu Thai
Sudarat Keyuraphan est la seule femme en lice pour le poste de Premier ministre parmi les principaux candidats aux prochaines élections.
Sa candidature a été appuyée par l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui vit désormais en exil à l’étranger.
Mme Sudarat a fait campagne sur la base d’un programme visant à améliorer le niveau de vie des Thaïlandais qui, selon elle, ont été appauvris par plus de quatre années d’incompétence et de mauvaise gestion sous le régime militaire.
Elle a touché une corde sensible du côté de l’armée au cours de sa campagne électorale, lorsqu’elle a proposé une réduction de 10 % du budget annuel de la défense.
Le commandant en chef de l’armée, Apirat Kongsompong, avait riposté en lui conseillant d’écouter la chanson ultra-patriotique « Nak Phandin » (« หนักแผ่นดิน – Fardeau de la terre »), composée pendant la période anticommuniste des années 70.
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Abhisit Vejjajiva / Parti Démocrate
Abhisit Vejjajiva, chef du Parti démocrate, est le seul de ces candidats à avoir déjà occupé le plus haut poste exécutif du pays via un processus électoral (de décembre 2008 à juillet 2011).
Il a reconnu qu’il s’agirait de sa dernière chance en vue de briguer un nouveau mandat de Premier ministre.
« J’aimerais faire avancer la Thaïlande. Je crois en ce pays et au peuple thaïlandais, et je vais prouver qu’une fois de plus, la Thaïlande peut être le pays de la liberté, le pays des opportunités et le pays du sourire. »
Abhisit est surtout connu pour son éloquence dans les débats politiques, mais son leadership politique a souvent été remis en cause.
Il a notamment admis que son administration aurait dû faire preuve de plus de détermination dans la gestion des défis auxquels elle était confrontée avant et pendant les violentes manifestations des « chemises rouges » qui ont secoué les rues de Bangkok en mai 2010.
Après avoir pris des mesures répressives à l’encontre de ce mouvement qui ont abouti à un bain de sang, Abhisit fut accusé de meurtre, mais les charges ont finalement été classées sans suite.
M. Abhisit, 54 ans, se présente aux élections générales du 24 mars avec le vœu de rétablir la démocratie en Thaïlande après plus de quatre ans de régime militaire, à l’aide d’un programme visant à remédier aux difficultés économiques et améliorer le niveau de vie de la population.
Thanathorn Jungroongruangkit / Parti Future Forward
Thanathorn Jungroongruangkit est le leader du parti Future Forward et il était pratiquement inconnu du grand public il y a un peu moins d’un an.
Cependant, quelques mois à peine après son entrée en scène, cet homme d’affaires de 41 ans, devenu politicien, fait partie des principaux candidats au poste de Premier ministre en vue des prochaines élections.
Faisant campagne avec un message de changement, l’ancien vice-président du plus grand fabricant thaïlandais de pièces automobile, la société Thai Summit, a trouvé un écho favorable auprès des jeunes électeurs désabusés par la politique à l’ancienne.
Ce nouveau venu dans la sphère politique est notamment diplômé de l’université de New York et militait déjà à l’époque où il était étudiant.
Il s’est ouvertement déclaré hostile aux militaires qui se sont emparés du pouvoir lors du coup d’État de 2014 et ses commentaires contre le régime en place font souvent la une des journaux.
Parmi ses priorités, la réforme de l’armée est en tête de liste, une institution qu’il blâme pour tous les maux politiques et économiques auxquels le pays est confronté.
M. Thanathorn veut donc réduire les effectifs des forces armées et sabrer leur budget.
Anutin Charnvirakul / Parti Bhumjaithai
Anutin Charnvirakul, un homme d’affaires devenu politicien, dirige une formation de taille moyenne, le Bhumjaithai, qui pourrait devenir un véritable arbitre lorsque commencera le marchandage post-électoral.
Ingénieur de profession, M. Anutin se présente comme candidat au poste de Premier ministre à l’occasion des élections du 24 mars 2019.
Cette ambition politique ne peut être totalement exclue en raison de la nature particulièrement imprévisible du prochain scrutin.
À 53 ans, il dirige un empire de la construction, la société Sino-Thai Engineering and Construction, et il est souvent aperçu se déplaçant dans ses propres jets privés pour des affaires et des activités de bienfaisance.
Il a déjà occupé un certain nombre de postes ministériels, dont ceux de vice-ministre de la Santé publique et de vice-ministre du Commerce.
M. Anutin a clairement indiqué qu’en dépit de la polarisation permanente de la scène politique, son parti, le Bhumjaithai, se démarquait des autres formations et contrairement à elles ne véhiculait aucun dogme politique.
Concrètement, il est donc disposé à forger une coalition post-électorale avec n’importe quelle autre formation.
Chadchart Sittipunt / Parti Pheu Thai
Chadchart Sittiput est l’un des trois candidats au poste de Premier ministre proposés par le parti Pheu Thai et son retour en politique a été largement salué par ses partisans.
En 2014, alors qu’il était ministre des Transports dans le gouvernement de Yingluck Shinawatra, il est rapidement devenu une star du Web grâce à son look terre à terre, se promenant pieds nus et en short, alors qu’il se rendait dans un temple les mains chargées de provisions alimentaires.
Son surnom de « ministre le plus fort du monde » est devenu viral en un rien de temps, le Pheu Thai est convaincu que sa présence dans ses rangs lui permettra de conforter sa position lors des prochaines élections.
M. Chadchart est diplômé en génie civil du Massachusetts Institute of Technology et titulaire d’un doctorat de l’université d’Illinois.
Avant d’entrer en politique, il fut recteur adjoint et maître de conférences à l’Université Chulalongkorn, ainsi que membre du conseil d’administration d’une grande société immobilière plus récemment.
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