Lundi soir, le président français Emmanuel Macron a annoncé quatre mesures destinées à apaiser le mouvement de protestation des gilets jaunes, décrétant un « état d’urgence économique et social ».
« Les événements de ces dernières semaines dans l’Hexagone et outre-mer ont profondément troublé la nation. Ils ont mêlé des revendications légitimes et un enchaînement de violence inadmissible. Ces violences ne bénéficieront d’aucune indulgence », a-t-il déclaré. Le président a également condamné « le jeu des opportunistes, les irresponsables politiques dont le seul but était de bousculer la République ».
« Quand la violence se déchaîne, la liberté cesse. C’est donc désormais le calme et l’ordre républicain qui doivent régner ».
Le président a ajouté : « nous voulons une France où nous pouvons vivre dignement de son travail ».
« Je n’oublie pas qu’il y a une colère, une indignation, beaucoup de Français peuvent la partager », a rappelé le président de la République. « Cette colère est plus profonde, elle peut être notre chance ».
Le président Macron a parlé des travailleurs « qui se lèvent tôt et se couchent tard », des mères célibataires « courageuses » qui n’ont ni argent ni espoir à la fin du mois, des « retraités modestes » qui ont contribué à la société toute leur vie et des membres « les plus fragiles » de la société, craignant d’avoir été « oubliés ».
Les mesures annoncées visaient spécifiquement à apaiser certains des griefs des manifestations des gilets jaunes qui ont secoué la France ces dernières semaines, notamment le pouvoir d’achat de la population.
Les quatre mesures annoncées par Macron
SMIC
La première mesure consiste en une augmentation de 100 euros par mois du SMIC (salaire minimum) pour les travailleurs. Ce montant – prévu à partir de janvier – comprend les augmentations standard déjà planifiées pour les années à venir, dont 30 € en avril 2019, 20 € en octobre 2020 et 20 € en octobre 2021 (70 € au total).
Cette hausse constitue une surprise ; dimanche, la ministre du Travail Muriel Pénicaud avait déclaré qu’il était peu probable que le SMIC évolue.
Heures supplémentaires
La deuxième annonce portait sur la rémunération des heures supplémentaires. À partir de janvier 2019, les heures supplémentaires ne seront plus assujetties aux impôts et autres charges de l’État. Cette mesure devait déjà entrer en vigueur en septembre prochain, mais elle a été avancée.
Ce système avait été introduit pour la première fois en France par le président Nicolas Sarkozy, mais avait été supprimé par son successeur, François Hollande. Hier soir, M. Macron a décidé de l’appliquer à nouveau.
Bonus pour les salariés
Pour le troisième point, le Président a demandé « à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année aux employés qui sera défiscalisée ». Cette prime ne serait pas soumise aux impôts ou aux cotisations sociales.
CSG retaités
L’annonce finale du Président s’est concentrée sur les pensions de retraite. La contribution sociale généralisée (CSG) était passée de 6,6 % à 8,3 % en janvier de cette année, mais cette hausse est désormais annulée pour les retraités recevant moins de 2 000 euros par mois.
M. Macron avait volontairement repoussé son discours jusqu’à hier soir, et attendu la fin d’un nouveau week-end de manifestations de la part des gilets jaunes.
Les réactions à l’égard de cette prise de parole ont été mitigées.
Certains manifestants affirment que les mesures ne feront rien pour aider la majorité des Français, mais un nouveau sondage réalisé après les annonces a révélé que 54 % des personnes interrogées estiment que les manifestations des gilets jaunes doivent désormais cesser.
Pourtant, 49% se disent « non convaincus » par les mesures du Président et 64% continuent de soutenir les principes du mouvement.