L’Histoire de l’or en Asie du Sud-Est


L’or est très largement présent en Asie, plus particulièrement en Asie du Sud-Est, bien qu’il y soit réparti de façon assez sporadique. Même s’il demeure mal connu par le grand public, l’orpaillage pourrait devenir un attrait touristique non négligeable à l’avenir, tout comme en Australie, en Alaska ou encore dans les rocheuses Californiennes aux États-Unis. Pourtant, l’Histoire de l’or et de son extraction en Asie du Sud-Est remonte à la nuit des temps et demeure assez bien documentée. Découvrons cette Histoire.

Où se trouve l’or en Asie du Sud-Est ?

La toponymie, c’est-à-dire l’origine des noms de lieux, a toujours existé partout dans le monde. En Asie, les mots associés à « doré » ou « or » sont souvent utilisés pour des noms de lieux, de cours d’eau, de villes ou de village. Nous pouvons citer l’exemple du nom « Laem Thong » en langue thaïe, qui pourrait être traduit en français par « péninsule dorée » et fait référence à la péninsule indochinoise. En l’occurrence, la Thaïlande est l’un des pays d’Asie où l’extraction d’or est particulièrement active (avec 5,4 tonnes d’or sorties de terre par an), néanmoins derrière des pays voisins comme la Chine (465 tonnes) et l’Indonésie (89,5 tonnes).

Globalement, l’or de l’Asie du Sud-Est se présente sous la forme de dépôts de roches aurifères métamorphiques, ignées et plus largement, sédimentaires qui se présentent en placers. Pour vous donner une idée, voici la liste des dépôts aurifères connus et présents sur cette zone géographique :

L’ensemble de ces zones aurifères est encore aujourd’hui exploité. Mais, par le passé, ces exploitations existaient déjà sous la forme de petites mines familiales.

Les preuves d’une existence passée d’exploitation aurifère

L’une des premières preuves de l’existence de l’extraction de l’or dans cette région du monde a été faite par des émissaires chinois pendant la dynastie Jin (265 — 419 apr. J.-C.) lors de leurs actions d’influence dans le but de globaliser des parties de la péninsule malaisienne afin d’y récolter une taxe pour le fonctionnement de la dynastie. Ils ont ainsi pu s’apercevoir que l’ensemble de la région asiatique avait la capacité, en raison du montant de ces taxes, de produire de l’or, car la disponibilité de ce métal précieux était relativement aisée. Il faut savoir qu’à cette époque, cette taxe se payait en parfum, en perle, mais également en argent et en or.



Tout étant parfaitement consigné dans des registres, les émissaires ont pu s’apercevoir que certaines contrées, parfois très reculées, payaient leurs taxes quasi exclusivement en or ! C’est ainsi qu’à cette époque, la Chine connaissait on ne peut mieux, et de façon indirecte, les zones géographiques particulièrement riches en or, par la nature du paiement de cette taxe.

Il est fort probable que l’extension des échanges commerciaux avec l’ensemble des pays de l’Asie du Sud-Est ait été stimulée par la présence de l’or dans certains pays, les amenant alors jusqu’en Inde.

Quel type d’or trouvait-on dans l’ancien temps, en Asie du Sud-Est ?

Aujourd’hui, nous connaissons l’existence d’une exploitation minière passée et séculaire uniquement au travers d’écrits retrouvés sous la forme de registres, de textes anciens, ou encore par des vestiges archéologiques d’ornement antiques. L’étude de ces textes ou de ces objets permet de retracer l’Histoire de la connaissance de l’exploitation aurifère.

Nous savons que dès le 11e siècle, les prospecteurs connaissaient déjà les différents types d’or et leurs compositions. Car l’or n’est jamais pur à 100 %. Aujourd’hui encore, l’or natif naturel se trouve avec une pureté qui oscille entre 20 et 23 carats. 24 carats constituent l’or à l’état pur. En Inde, des écrits de cette époque démontrent déjà une variation de couleur de l’or en le nomment « or rouge » ou « or blanc ». L’or rouge étant sous la forme d’un alliage de cuivre et l’or blanc d’argent. Ils étaient donc conscients que l’or qu’ils extrayaient n’était pas pur, alors que cela n’a été découvert qu’au 14e siècle en Europe.

Sur le même principe, au 11e siècle toujours, un ancien texte javanais compare les méthodes utilisées pour tester la pureté de l’or. Une inscription dans ce texte fournit des détails sur les quatre façons dont l’or peut être testé : en utilisant une pierre de touche, en martelant, en coupant et en fondant l’or.

La première référence à l’utilisation de la cimentation pour éliminer l’argent de l’or est contenue dans un texte indien connu sous le nom de Kautiliya Arthasastra, qui aurait été écrit par le ministre en chef de l’empereur Maurya Chandragupta, qui gouvernait alors le nord de l’Inde au cours du 4e siècle av. J.-C.. De la poussière d’or ou de fines feuilles martelées ont été placées dans des bains de sels acides, qui attaquent l’argent, formant une vapeur de chlorure d’argent et laissant un métal d’or purifié.

Aujourd’hui, les archéologues et scientifiques sont en mesure de connaître l’origine de l’or trouvé dans les vestiges qu’ils ont en leur possession. En analysant les impuretés de l’or contenu dans ces objets d’orfèvrerie et leurs concentrations, ils peuvent déterminer l’origine géographique du lieu d’extraction de l’or qui a servi à sa conception. C’est ainsi que les archéologues peuvent mieux appréhender l’origine des objets qu’ils ont découverts, mais aussi comprendre les interactions commerciales entre différentes zones du monde asiatique à cette époque.

Quelles techniques étaient utilisées en Asie pour extraire l’or ?

Bien que de nos jours, l’extraction industrielle de l’or soit essentiellement mécanisée, le matériel employé par les premiers orpailleurs est relativement proche des techniques auxquelles ont recours les orpailleurs amateurs d’aujourd’hui. Le matériel d’orpaillage amateur est entièrement manuel et rudimentaire. En 1879, il fut d’ailleurs découvert un texte chinois du 13e siècle qui mentionnait l’utilisation d’une auge ovalisée en bois pour extraire l’or des sables alluvionnaires, ce qui s’apparente aujourd’hui à l’ancêtre du pan américain en plastique.



D’autres techniques ont également été utilisées, comme des canaux de bois dans lesquels étaient posés en leurs fonds des peaux de bêtes, principalement de mouton. Le principe de ce matériel est exactement le même aujourd’hui et s’appelle une rampe de lavage ou sluice box. Le canal est positionné dans le courant et le sable, dont l’or doit être extrait, est déposé à l’avant de la rampe. L’eau emporte les sables, les graviers et l’or sur la rampe et sur la fourrure. La fourrure de moutons étant épaisse et bouclée, elle permet d’accrocher les particules d’or, très denses, dans les fibres de la laine.

Cette peau était également maintenue par de gros galets afin de tenir la peau en place et améliorer l’efficacité de l’extraction de l’or. Cette peau était ultérieurement nettoyée dans un récipient à grandes eaux. Le sable était trié, ensuite, avec les auges en bois. Si la peau était détériorée par la puissance de l’eau et des graviers, celle-ci était alors jetée au feu. Dans ce cas, l’orpailleur triait les cendres pour y extraire l’or. Cette technique était utilisée assez couramment en Europe au cours du Moyen-Âge.

Enfin, en Asie comme partout dans le monde, l’utilisation du mercure était connue et largement employée. Bien que le raffinage de l’or afin de le purifier, ait été découvert par les Grecs au 7e siècle av. J.-C., il n’existe aucune preuve que ces techniques ont été employées en Asie, tout du moins pas avant le 4e siècle.

Depuis la découverte de l’extraction de l’or par ces peuples, l’Asie du Sud-Est n’a jamais cessé l’extraction du métal jaune. C’est aujourd’hui une zone géographique très active dans ce domaine. Hélas, bien que le potentiel d’extraction soit là, la mondialisation et l’évolution des techniques deviennent de plus en plus invasives en raison de la mécanisation et de l’utilisation de produits chimiques, aux dépens de l’environnement et de la santé des Hommes.