L’économie thaïlandaise a progressé à son plus faible rythme depuis un an entre juillet et septembre, sur fond de léthargie des exportations et de morosité de la consommation des ménages. De nouvelles mesures de relance pourraient être mises en place par les autorités afin de tenter de redynamiser la croissance.
Le gouvernement a donc une fois de plus revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année 2019. La guerre commerciale sino-américaine et le baht toujours très fort ont eu un impact conséquent sur l’économie du Royaume, particulièrement dépendante des exportations.
L’agence de planification de l’État a ainsi réduit lundi 18 novembre ses projections de croissance pour 2019, les faisant passer à 2,6 %, contre une fourchette de 2,7 à 3,2 % espérée il y a trois mois.
Les autorités ont également diminué les prévisions concernant les exportations. Une chute de 2 % est à présent envisagée, contre -1,2 % précédemment.
La révision à la baisse de ces estimations intervient alors que les économies industrielles asiatiques subissent un effondrement de la demande mondiale, dans un contexte d’impasse commerciale qui perdure depuis 16 mois entre Pékin et Washington. De plus, le baht thaïlandais, la devise la plus performante d’Asie cette année, a accentué un peu plus la pression.
La deuxième économie de l’Asie du Sud-Est a affiché un taux de croissance de 0,1 % entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent, soit le plus faible depuis un an.
Le baht continue d’affecter l’économie
Sur une base annuelle, la croissance s’est élevée à 2,4 %, en deçà des 2,6 % attendus, mais légèrement supérieure aux 2,3 % d’avril à juin. Le second trimestre 2019 avait en outre été le plus mauvais depuis près de cinq ans.
« Les résultats mitigés soulignent la nécessité de stimuler l’économie », a déclaré Kobsidthi Silpachai, responsable de la recherche sur les marchés financiers pour Kasikornbank.
Wichayayuth Boonchit, secrétaire général adjoint du Conseil national du développement économique et social, a expliqué lors d’une conférence de presse que « l’économie s’est redressée plus lentement que prévu au troisième trimestre en raison de problèmes mondiaux ».
Il a souligné que la vigueur du baht a affecté les exportations et les investissements privés, ajoutant que la situation devrait se poursuivre pendant un certain temps encore. Le baht demeure la devise la plus performante d’Asie cette année, avec une hausse de 7,6 % par rapport au dollar depuis le début de l’année.
Les exportations de la Thaïlande sont restées muettes au troisième trimestre, après un premier semestre complet de contraction, et le secteur manufacturier a quant à lui reculé de 4,2 %. Les investissements publics ont en revanche augmenté de 3,7 % selon les données des autorités.
Une légère reprise de la croissance attendue en 2020
Afin de tenter de revitaliser l’atonie de l’activité intérieure, le gouvernement a mis en place un plan de relance de plus de 9 milliards d’euros en août et déclaré que des mesures supplémentaires seront prises si nécessaire.
Le 6 novembre, la Banque de Thaïlande a abaissé son taux directeur à un plancher record de 1,25 %, soit la deuxième diminution en trois mois.
Mathee Supapongse, sous-gouverneur de l’institution, a récemment déclaré à Reuters qu’une marge de manœuvre reste envisageable afin de soutenir l’économie.
Pour 2020, Bangkok espère une évolution plus vigoureuse du PIB, comprise entre 2,7 et 3,7 %, et un rebond des exportations, avec une progression de 2,3 %.
Au troisième trimestre, les résultats ont également été affectés par la faiblesse de la demande intérieure, cette dernière étant freinée par un endettement élevé des ménages. La croissance de la consommation privée a ralenti pour s’établir à 4,2 % par rapport à l’année précédente.
En revanche, le nombre de touristes étrangers a augmenté de 7,2 %, aidé par les faibles chiffres enregistrés l’an dernier au cours de la même période, à la suite du naufrage du Phœnix au large de Phuket.