Les investissements étrangers devraient stimuler la croissance du Myanmar, mais des risques politiques subsistent

Les investissements étrangers devraient stimuler la croissance du Myanmar, mais des risques politiques subsistent

La croissance du Myanmar devrait être portée par la hausse des investissements étrangers au cours des années à venir

La croissance du Myanmar devrait être portée par la hausse des investissements étrangers au cours des années à venir

L’économie du Myanmar (Birmanie) pourrait connaître une croissance annuelle de 6,6 % jusqu’en 2030. Cela grâce à des investissements importants, à une meilleure productivité et à une démographie favorable. Toutefois, les conditions commerciales fragiles et les risques politiques pourraient freiner ces flux, estime un rapport du cabinet Oxford Economics.

« Nous nous attendons à ce que le renforcement des capitaux continue à porter la croissance, les investissements augmentant à un rythme sain grâce à une épargne intérieure relativement élevée, aux IDE (investissements directs étrangers) et au soutien de prêteurs tels que la Banque asiatique de développement et l’UE », indique le rapport de Sian Fenner, économiste principale d’Oxford Economics pour l’Asie.

La prévision de 6,6 % par an de croissance du produit intérieur brut (PIB) jusqu’en 2030 demeure toutefois légèrement inférieure à celle de 6,8 % observée entre 2008 et 2017.

L’une des raisons de ces perspectives d’investissement favorables, selon le rapport, est que le Myanmar figure parmi les principaux bénéficiaires de l’initiative chinoise baptisée « nouvelle route de la soie » (Belt and Road Initiative). Mme Fenner a également noté que le gouvernement a adopté plusieurs textes de loi pour encourager les IDE en 2016 et 2017. Parallèlement, plusieurs secteurs ont été ouverts à une plus grande participation étrangère en août 2019.

« Ces actions ont déjà porté leurs fruits. Après avoir chuté de 14 % en 2017-2018, les IDE ont augmenté pour atteindre près de 4,2 milliards de dollars en 2018-2019. De surcroît, les flux d’investissement se déplacent des secteurs minier et énergétique vers le domaine manufacturier productif », a expliqué Mme Fenner.

En outre, la hausse de l’épargne intérieure, grâce à l’augmentation des recettes d’exportation et à d’autres réformes financières, a contribué à une accélération des investissements. « Dans le futur, nous nous attendons à ce que les ressources naturelles du Myanmar et l’amélioration de la capacité d’exportation soutiennent l’épargne intérieure à hauteur de 27 % du PIB en moyenne », a déclaré Mme Fenner.

La crise des Rohingyas pourrait peser sur la croissance

Elle a ajouté qu’il est vraisemblable que le Myanmar devrait continuer à se tourner vers l’étranger, notamment par le biais de coentreprises et d’IDE. « Globalement, nous prévoyons que l’investissement augmentera de 6 % par an jusqu’en 2030, le ratio investissement/PIB se situant aux alentours de 30 %, soit un niveau similaire à celui du Vietnam et de la Thaïlande à des stades de développement comparables. »

L’offre de main-d’œuvre devrait également augmenter. Cette tendance est due à l’accroissement de la population active et à l’urbanisation de plus en plus importante.

Néanmoins, la qualité des ressources humaines pourrait se révéler insuffisante par rapport aux autres pays de la région. En effet, la durée de scolarité obligatoire demeure inférieure et seuls 61 % des élèves avaient terminé le premier cycle de l’enseignement secondaire en 2018, selon le rapport.

Enfin, la crise actuelle des Rohingyas constitue un risque immédiat qui pourrait limiter la croissance globale des IDE. L’Union européenne a par exemple menacé de retirer au Myanmar son statut préférentiel.

Ainsi, des réformes apparaissent nécessaires non seulement pour stimuler les investissements dans les infrastructures, mais aussi pour améliorer les conditions opérationnelles des entreprises.

« L’environnement commercial médiocre et les conflits sociaux, notamment la crise des Rohingyas, sont des facteurs qui nous amènent à attribuer au Myanmar un score défavorable en matière de risques politiques. Nous considérons que ces inconvénients entravent sa capacité à tirer pleinement profit de son avantage s’agissant des bas salaires et de la croissance potentielle du PIB », a conclu Mme Fenner.