Le gouvernement thaïlandais se prépare déjà en vue de la prochaine « saison du smog » à Bangkok, avec un système progressif de mesures d’urgence et une modernisation majeure du secteur des transports, en suivant le modèle sud-coréen de lutte contre la pollution.
Le secrétaire permanent du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, Wijarn Simachaya, a expliqué que la Thaïlande voulait s’inspirer de la Corée du Sud pour lutter contre les particules fines PM2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres).
S’exprimant lors d’un séminaire universitaire sur la pollution de l’air et les mesures de prévention organisé par le Département de promotion de la qualité de l’environnement, Wijarn a déclaré que des procédures légales seraient établies pour que les autorités concernées puissent s’y conformer. Des contrôles sont notamment prévus sur chacune des sources à l’origine de la pollution.
LIRE AUSSI – Pollution : la Thaïlande à la recherche d’une bouffée d’air frais
Selon Wijarn, la saison du smog (une épaisse brume provenant d’un mélange de polluants atmosphériques) est désormais terminée à Bangkok, mais il est certain que la capitale et d’autres provinces seront une fois de plus recouvertes par ce brouillard de pollution l’hiver prochain, lorsque les conditions météorologiques seront particulièrement favorables à l’accumulation des particules PM2,5.
Cependant, avant cette échéance, des mesures d’atténuation efficaces seront mises en place, a-t-il déclaré.
Hausse des maladies liées à la pollution
« Je me suis récemment rendu à Séoul pour discuter de leur expérience en matière de lutte contre la pollution atmosphérique par les PM2,5 », a déclaré Wijarn. « Bangkok et Séoul souffrent toutes les deux d’un important problème de smog cette année. »
« J’ai appris que la Corée du Sud dispose d’un ensemble de procédures pour guider les autorités sur la manière dont elles doivent appliquer strictement les règlements de protection de l’environnement et prendre des mesures pour réduire la pollution à chaque source, en fonction de la gravité du smog à un moment donné. »
Avec différents arsenaux de mesures antipollution pour faire face aux différents niveaux de PM2,5, la Corée du Sud peut s’attaquer plus efficacement à ce problème, a-t-il expliqué. La Thaïlande pourrait suivre cette stratégie.
« Le département de lutte contre la pollution (PCD) a préparé un plan d’intervention d’urgence similaire en fonction de la gravité de la pollution atmosphérique, qui a déjà été présenté au Cabinet, » a déclaré Wijarn.
LIRE AUSSI – La pollution de l’air à Bangkok pourrait coûter 6 milliards de bahts à l’économie
Le Dr Kajohnsak Kaewjarus, directeur général adjoint du département de contrôle des maladies, a déclaré que le ministère de la Santé publique avait également élaboré son propre plan d’intervention d’urgence en prévision du smog de l’hiver prochain.
« En surveillant les maladies liées à la pollution de l’air dans 22 hôpitaux de Bangkok et des provinces voisines, nous avons remarqué une hausse importante de I’asthme, des maladies cardiovasculaires et des autres affections respiratoires durant la saison du smog, ce qui confirme la menace que représentent les PM2,5 sur la santé humaine » a fait valoir Kajohnsak.
« Les services du ministère de la Santé travaillent donc en étroite collaboration avec le PCD et les administrations locales pour préparer la prochaine saison du smog et protéger la population face aux menaces sanitaires. »
Les gaz d’échappement principaux responsables de la pollution
Yossapong Laoonual, de l’Université de technologie du Roi Mongkut Thonburi, a souligné que si le problème du smog n’était pas traité à sa source, la Thaïlande connaîtrait chaque hiver de graves épisodes de pollution atmosphérique.
Il a appelé les autorités à moderniser les normes relatives aux moteurs des véhicules et aux carburants pour les rendre conformes à l’Euro 6, ainsi qu’à réduire les embouteillages dans la capitale pour garantir un contrôle efficace du smog sur le long terme.
Yossapong a cité des études scientifiques qui confirment que la principale source de PM2,5 à Bangkok était les gaz d’échappement et qu’il fallait impérativement se concentrer sur la limitation des émissions dans les transports pour réduire la pollution atmosphérique.
LIRE AUSSI – Pollution de l’air en Thaïlande : Chiang Mai également touchée
« La norme pour les moteurs et les carburants en Thaïlande est toujours l’Euro 4, qui génère des niveaux de PM2,5 nettement plus élevés que l’Euro 6 – la norme en vigueur dans la plupart des pays développés », a-t-il déclaré.
« Nous avons des années de retard sur de nombreux pays en ce qui concerne les normes relatives aux moteurs et aux carburants et sur la protection de l’environnement. Nos secteurs de l’industrie et de l’énergie doivent donc être le fer de lance des efforts visant à améliorer la qualité des moteurs et des carburants pour les rendre conformes aux standards internationaux et assurer un environnement plus sain à l’avenir ».
Yossapong a proposé au gouvernement de favoriser la transition des moteurs thermiques aux moteurs électriques, de retirer les véhicules les plus anciens des routes, de promouvoir le covoiturage et d’inciter les citoyens à marcher, faire du vélo ou utiliser les transports publics au lieu de se déplacer en voiture.
Wijarn a quant à lui déclaré que les normes relatives aux carburants seraient portées au niveau Euro 5 d’ici 2021 et Euro 6 d’ici 2023. Parallèlement, le système de transport en commun devrait être renforcé et une réduction des taxes sur les voitures électriques de même qu’une augmentation de celles sur les vieux véhicules sont à l’étude, a-t-il affirmé.