Embourbée depuis des années dans des difficultés financières et des problèmes de gestion, Thai Airways va une nouvelle fois bénéficier d’un sursis, sous la forme d’un prêt de soutien octroyé par le gouvernement.
Une réunion du Comité de pilotage des entreprises d’État a ainsi approuvé le principe du projet de sauvetage de la compagnie aérienne nationale. Le ministère des Finances devrait accorder un crédit de 50 milliards de bahts (1,4 milliard d’euros) pour préserver la société.
Un consultant financier a été chargé par le Comité d’élaborer les modalités précises, qui seront ensuite soumises au conseil d’administration de Thai Airways. Il apparaît d’ores et déjà qu’elle restera une entreprise d’État.
Le montant total se situe en deçà des prévisions initiales, qui tablaient sur un prêt de 70 milliards de bahts (2 milliards d’euros). Qui plus est, Thai Airways va devoir renégocier ses dettes avec ses créanciers et s’engager dans des mesures de réduction des coûts.
Le crédit sera réparti en plusieurs versements afin d’inciter la compagnie aérienne à poursuivre le processus de redressement. La prolongation du prêt, pour le moment garanti jusqu’à la fin de l’année, sera fonction du contenu du plan de sauvetage et du respect par la compagnie des conditions de mise en œuvre et de renflouement.
En 2017, Thai Airways affichait une perte nette de 2,11 milliards de bahts (60 millions d’euros), laquelle a atteint 11,6 milliards de bahts (330 millions d’euros) en 2018 et 12 milliards (341 milliards) l’année dernière, selon les données du Stock Exchange of Thailand, la Bourse nationale. En conséquence, son ratio d’endettement est passé de 7,8 en 2017 à 12 en 2018 et 21 en 2019.
L’État croit toujours en Thai Airways
La législation actuelle empêche le ministère des Finances de se porter garant des prêts accordés aux entreprises d’État qui subissent des pertes nettes depuis trois années consécutives et dont les activités sont liées aux infrastructures. Dans le cas de Thai Airways, des résultats négatifs ont donc effectivement été enregistrés pendant trois années successives, mais son activité n’est pas classée dans la catégorie des infrastructures.
Une source au sein du gouvernement indique cependant que la crise économique actuelle, qui découle de la pandémie de coronavirus Covid-19, ne touchait pas uniquement Thai Airways, mais bien toutes les sociétés du secteur au niveau mondial. Cette décision reflète donc la conviction que la compagnie pourra aider la Thaïlande à se positionner en tant que pôle régional du tourisme et de l’aviation.
Les autorités estiment en outre qu’en tant que transporteur national de longue date, Thai Airways constitue un aspect majeur de l’identité du pays.
Depuis début avril, sa flotte est clouée au sol. Toutefois, elle a démenti les rumeurs selon lesquelles l’ensemble de ses vols seraient suspendus encore plusieurs mois après la fin mai.
C’est également dans ce contexte que huit autres compagnies aériennes basées en Thaïlande réclament à leur tour une aide de 25 milliards de bahts, sous la forme de prêts bonifiés. Ces fonds sont assortis d’un taux d’intérêt de 2 % et pourront être remboursés sur une période de cinq ans à compter de début 2021.
Les huit sociétés en question sont Bangkok Airways, Thai AirAsia, Thai AirAsia X, Thai Lion Air, Thai VietJet, Thai Smile, NokScoot et Nok Air.