Alors que l’interdiction des activités politiques a été levée et que les partis politiques sont désormais en mesure de présenter leurs programmes à l’approche des élections, les investisseurs devraient se montrer plus optimistes sur la situation économique en Thaïlande.
Amornthep Chawla, responsable de la recherche chez CIMB Thai Bank, a expliqué que « le marché surveille attentivement ce que les partis politiques vont présenter aux électeurs, que ce soit à court ou long terme ».
Le Conseil National pour la Paix et le Maintien de l’Ordre, la junte militaire au pouvoir, a levé cette semaine l’interdiction des activités et campagnes politiques.
Toutefois, M. Amornthep a déclaré que les investisseurs pourraient adopter une approche prudente à l’égard du prochain Gouvernement et examiner ses positions avant de se lancer dans de nouveaux financements.
« Si le prochain Gouvernement est minoritaire, il pourrait avoir des difficultés à mettre en œuvre ses politiques, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la confiance », a-t-il déclaré.
Il reste néanmoins optimiste sur le fait que les élections renforceront la confiance et que le Gouvernement sera en mesure de négocier des accords de libre-échange avec les pays ayant écarté la Thaïlande après le coup d’État de 2014.
En outre, de nombreux autres défis attendent le prochain Gouvernement, allant des réformes industrielles à la lutte contre les disparités croissantes en matière de revenus et de richesses.
La consommation privée pourrait ralentir et les ventes d’automobiles pourraient également diminuer l’an prochain.
Pour les groupes à faible revenu, la consommation ne s’est pas encore redressée, principalement à cause de la chute des prix des produits agricoles. Cela devrait continuer de jouer un rôle clé l’an prochain pour ces catégories.
Le contexte international pèse sur l’économie thaïlandaise
M. Amornthep a déclaré que l’autre grande menace pour l’économie thaïlandaise l’année prochaine sera l’impact de la guerre commerciale États-Unis-Chine, surtout si elle se renforce.
La Chine importera probablement moins de produits thaïlandais si les tensions commerciales persistent. Un autre facteur susceptible d’affecter ces flux est le stock important de matières premières en Chine, notamment le caoutchouc. Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine pourrait augmenter de 6,4 à 6,5 %, contre 6,7 % cette année.
La CIMB estime que la croissance thaïlandaise sera de 3,7 % l’an prochain, soit moins que les 4 % anticipés pour cette année.
« Le ralentissement de la croissance n’est pas nécessairement mauvais, mais la clé est de savoir si la croissance sera durable », a-t-il expliqué, ajoutant qu’un ralentissement de la croissance l’année prochaine serait aussi le reflet de la situation dans le monde.
Il a également prédit que la Banque de Thaïlande pourrait commencer à relever son taux directeur en mars, puis une seconde fois dans l’année, pour le porter à 2 % contre 1,5 % actuellement.
Amornthep s’attend également à ce que la Réserve fédérale américaine (FED) augmente son taux par deux fois l’an prochain, alors que les projections précédentes prévoyaient trois hausses.
Dans un tel scénario, les capitaux devraient commencer à affluer vers la Thaïlande et d’autres marchés émergents, a-t-il estimé. Cité par Thai Post, il a ajouté que le baht pourrait commencer à se renforcer, passant à 32 pour 1 dollar, contre 32,50 cette année.
Les investisseurs étrangers ont retiré à ce jour près de 280 milliards de bahts (environ 7 milliard d’euros) du marché boursier thaïlandais. Selon lui, la volatilité globale des marchés financiers mondiaux ne devrait pas s’aggraver l’année prochaine.
Yunyong Thaicharoen, de la Siam Commercial Bank, a quant à lui déclaré que « l’annonce de la reprise des activités politiques dans le pays est une étape importante qui renforcera la confiance des investisseurs dans l’économie thaïlandaise ».
« Par conséquent, l’autorisation des activités politiques aura un impact positif sur la confiance des investisseurs dans l’économie, mais les signaux de confiance ne seront pas immédiats », a-t-il mis en garde.
« De plus, cette annonce signifie que les partis peuvent maintenant partager plus largement leurs politiques avec le public, ce qui devrait être surveillé de près par les investisseurs et par le secteur privé », a-t-il précisé.