Thaïlande : après les élections, le gouvernement aura fort à faire dans un contexte économique incertain

Thaïlande : après les élections, le gouvernement aura fort à faire dans un contexte économique incertain
Les incertitudes du marché mondial pourraient affecté les exportations et le tourisme en Thaïlande, un enjeu majeur dans la foulée des élections pour le nouveau gouvernement

Le prochain gouvernement thaïlandais devrait hériter d’une situation économique moins dynamique avec un taux de croissance de 3,8 % attendu cette année, alors qu’un climat d’incertitude règne sur les marchés mondiaux et que le problème intérieur des inégalités est une priorité, a estimé le Conseil national du développement économique et social (NESDB).

Dimanche, la Commission électorale (CE) a réaffirmé qu’elle était prête en vue des prochaines élections générales prévues le 24 mars.

Dans le même temps, le Parti démocrate a fait part de son optimisme concernant la possibilité de remporter de nombreux sièges dans le nord et le nord-est de la Thaïlande, les bastions traditionnels de son concurrent, le Pheu Thai.

Thosaporn Sirisumph, secrétaire général du NESDB, a expliqué que, d’après les dernières évaluations de l’agence en vue de la formation du nouveau gouvernement après les élections générales du 24 mars, les incertitudes du marché mondial auront probablement une incidence sur les exportations, dont le rythme de croissance devrait ralentir et atteindre 4,6 %, ainsi que sur le secteur du tourisme.

Ainsi, le nouveau gouvernement devra accélérer la mise en chantier des méga-projets d’infrastructure en attente afin de stimuler l’économie en 2019, alors que le taux de croissance demeurera inférieur aux 4,2 % attendus en 2018.

Le NESDB a également incité le futur gouvernement à garantir une meilleure protection sociale et mettre en œuvre des mesures supplémentaires pour prendre en charge les personnes à faible revenu afin de réduire les inégalités.

Le gouvernement devra favoriser les « méga-projets »

Les recommandations du NESDB pourraient être utiles aux partis dans le cadre de l’élaboration de leurs politiques économiques et sociales. Thosaporn a souligné que le ralentissement économique mondial constituait un défi majeur pour le nouveau gouvernement, mais il demeure convaincu que l’économie thaïlandaise pourrait tout de même croître de 3,8 % cette année.

Les exportateurs thaïlandais vont devoir trouver de nouveaux débouchés pour faire face aux répercussions du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine et atteindre l’objectif de croissance des exportations fixé à 4,6 % cette année. Toutefois, a-t-il ajouté, le secteur du tourisme et la consommation privée ont repris des couleurs et pourraient donc contribuer à la croissance du PIB cette année, même si le nouveau gouvernement devra impérativement accélérer le lancement de nouveaux méga-projets d’infrastructure et veiller à ne pas enrayer les réalisations en cours.

Ces projets incluent notamment les nombreuses lignes de transport en commun à Bangkok et dans sa périphérie, la ligne de chemin de fer à double voie et le Couloir économique Est-Ouest (ou CEEO). Par ailleurs, neuf autres projets, tels que l’extension de l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok et l’autoroute Bang Yai-Kanchanaburi, devront être examinés et approuvés par le nouveau gouvernement afin de contribuer au développement économique du pays.

Thosaporn a déclaré que la nouvelle administration devra également se concentrer sur les aides en faveur des agriculteurs et des personnes à faible revenu, en invoquant le budget annuel du gouvernement sortant, qui prévoit plus de 40 milliards de bahts (environ 1,1 milliard d’euros) pour les détenteurs de cartes d’assistance publique. Ce programme aurait ainsi permis de faire croître le PIB de 0,2 à 0,3 % de plus.

Le Parti démocrate tenait dimanche 27 janvier un meeting à Chiang Mai, en présence de son leader Abhisit Vejjajiva, 5e en partant de la droite (Photo : @mike_cmnews / Twitter)

Le Parti démocrate vise le nord et le nord-est

Pour sa part, le secrétaire général de la Commission életorale, Jarungvith Phumma, a souligné dimanche que la classe politique coopérait de manière satisfaisante avec son institution, sans violation de la législation jusqu’ici. « La CE est tout à fait prête à tenir les élections. Tout va bien et il ne s’est rien passé de répréhensible », a déclaré Jarungvith.

Il a incité les personnes qui prévoient voter par anticipation, ainsi que les expatriés thaïlandais qui souhaitent voter à l’étranger, à s’inscrire avant le 19 février. De plus, il a précisé que la CE publierait prochainement des directives claires au sujet des emplacements où les candidats pourront installer leurs affiches de campagne.

Witchuda Mekanuwong, responsable des élections pour Bangkok, a déclaré que les candidats souhaitant faire campagne par le biais des réseaux sociaux doivent au préalable en informer les responsables provinciaux de la CE.

Elle a précisé que le bureau de la CE à Bangkok organiserait une formation destinée à ses agents pour les familiariser avec leurs fonctions, leurs pouvoirs et les règlements en vigueur.

Dimanche, des responsables du Parti démocrate se sont montrés convaincus que le plus ancien parti politique de Thaïlande serait le plus apte à conquérir les provinces du nord et du nord-est lors du scrutin du 24 mars.

« Nous sommes persuadés que les électeurs du nord nous apporteront de nouvelles opportunités. Nos plateformes politiques traitent plus efficacement les problèmes de la population et se traduiront par un plus grand nombre de suffrages en notre faveur. Nous avons perdu dans le passé, mais nous avons désormais de plus grandes chances de gagner », a déclaré le leader démocrate Abhisit Vejjajiva lors de son passage à Chiang Mai, dimanche.

Lors de cette même journée, l’ancien chef de la police Seripisut Temiyavej, chef du Parti libéral thaïlandais (ou Seri Ruam Thai), a enjoint les électeurs à « tuer la dictature avec leurs stylos ».

Il a accusé les leaders de la junte, en particulier le Premier ministre Prayut Chan-o-cha, de vouloir se maintenir au pouvoir après les élections.