Bangkok a basculé dans la confusion vendredi après une série d’explosions ayant placé la population et les autorités en état d’alerte. Le bilan humain et matériel reste relativement limité, mais la planification des incidents, pendant une réunion très médiatisée de l’ASEAN, suggère que l’objectif consistait surtout à mettre le gouvernement en difficulté.
Ces explosions se sont produites le jour même où le Premier ministre Prayut Chan-o-cha, désormais à la tête d’un pouvoir civil, effectuait sa première visite au siège de la police Royale thaïlandaise. Celui-ci a en effet pris en charge l’intérim à la tête des unités en remplacement du général Prawit Wongsuwan, dont l’état de santé ne permettrait pas d’assumer ses fonctions.
Chaque action des malfaiteurs et chaque réponse des autorités de sécurité ont retenu l’attention des nombreux médias internationaux présents dans la capitale pour couvrir une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN. Plusieurs diplomates de haut rang se trouvaient également sur place, dont le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et son homologue chinois Wang Yi.
La vigilance a été renforcée autour du Centara Grand à CentralWorld, où se tenaient les réunions de l’ASEAN auxquelles participaient des représentants de 31 pays au total.
Les rumeurs et les spéculations se sont aussitôt répandues sur internet, pendant que les autorités tentaient de les dissiper rapidement.
Les autorités tentent d’identifier les auteurs des explosions
Sur la question de l’identité des auteurs, le chef de l’armée, le général Apirat Kongsompong, a déclaré que les suspects habituels étaient impliqués dans ces explosions, sans donner de noms. Pour certains, cela se réfère aux sympathisants des « chemises rouges » fidèles à l’ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra.
Selon lui, les services de renseignement savaient que des actions de ce type se préparaient, mais qu’ils ne s’attendaient pas à ce qu’elles se produisent si rapidement.
Toutefois, le chef de la police, Chakthip Chaijinda, a expliqué qu’une enquête initiale révélait que ces actes avaient probablement été menés par le même groupe de séparatistes musulmans ayant commis des attaques dans sept provinces du Sud et du Centre de la Thaïlande en août 2016.
Les troubles ont débuté jeudi après-midi lorsque deux hommes ont été repérés en train de déposer un objet suspect à l’extérieur du quartier général de la police sur Rama I Road.
Les deux individus ont ensuite été arrêtés dans la province de Chumphon.
Vendredi, sept bombes ont été signalées en cinq points de Bangkok et Nonthaburi. Au total, cinq ont explosé, blessant quatre personnes.
Parmi les sites touchés figurent le BTS Chong Nonsi, le complexe gouvernemental de Chaeng Watthana et le quartier général des forces armées Royales thaïlandaises. La tour King Power MahaNakhon, près du BTS Chong Nonsi, était également visée. King Power est l’un des principaux soutiens du parti Bhumjaithai, partenaire du gouvernement de coalition.
Au moins trois objets suspects nécessitant une intervention des autorités ont aussi été signalés. Parmi ceux-ci, une boîte placée sous un escalier mécanique de la station de BTS Silom et un sac laissé sans surveillance à un arrêt de bus de Phahon Yothin Road.
Le monde politique thaïlandais condamne
Le général Prayut, l’armée Royale thaïlandaise et les partis politiques ont tous réprouvé ces actes.
« Le Pheu Thai condamne le groupe d’individus qui profitent de ce contexte pour semer la terreur parmi la population », a indiqué sur sa page Facebook le principal parti d’opposition, favorable à Thaksin. « Nous espérons que la situation s’améliorera plutôt que d’être détournée à des fins politiques. »
Ces explosions ont fait naître des rumeurs concernant la possibilité de déclarer la capitale zone de sécurité spéciale. Le général Thanathip Sawangsaeng, porte-parole du commandement des opérations de sécurité intérieure, a toutefois catégoriquement nié cette éventualité. « Ne paniquez pas, s’il vous plaît », a-t-il déclaré.
Les autorités demeuraient à l’affût d’incidents de toutes sortes susceptibles d’avoir un lien avec ces troubles. Vendredi, quatre incendies ont été dénombrés dans le quartier de Pratunam, l’un d’eux pourrait avoir une origine criminelle et des objets ressemblant à des fragments de bombe auraient été trouvés dans les débris.
Au Bureau du Secrétaire permanent de la Défense, des fonctionnaires ont déclaré qu’une explosion survenue à l’entrée avait été provoquée par la défaillance d’un projecteur installé dans des arbustes. Cependant, un journaliste présent sur place a signalé que des marques causées par des billes d’acier étaient visibles.