Les bombes qui ont frappé Bangkok la semaine dernière, en pleine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), seraient le fait des insurgés de l’extrême-sud de la Thaïlande, selon les déclarations du vice-Premier ministre Prawit Wongsuwan.
Au moins neuf explosions ou tentatives ont été enregistrées vendredi passé. Quatre blessés sont à déplorer alors que la ville accueillait de hauts diplomates, dont le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Ces attaques sont survenues alors que la colère grandissait à la suite de l’arrestation récente d’un rebelle présumé originaire du sud du pays, région à majorité musulmane. Celui-ci avait été retrouvé dans le coma sur un site militaire, certains militants affirmant qu’il aurait pu subir des actes de torture.
Selon une enquête préliminaire menée par l’armée, Abdulloh Esormusor, 34 ans, aurait pu être étouffé.
Le vice-premier ministre Prawit Wongsuwan a déclaré que les attentats de la semaine dernière étaient « liés à un groupe du Sud ». Cependant, aucune revendication n’a pour l’heure été formulée.
« Nous devons enquêter sur la façon dont ils ont voyagé, où ils ont obtenu les bombes », a-t-il ajouté.
Prayut Chan-o-cha, désormais à la tête d’un gouvernement civil, a indiqué mardi que sept suspects auraient déjà été arrêtés. Au moins neuf autres demeuraient en fuite et recherchés.
« Une enquête est toujours en cours pour les traduire en justice », a-t-il souligné.
La semaine dernière, deux hommes originaires du sud avaient été arrêtés, quelques heures seulement après que des fils et des roulements à billes aient été découverts dans un dispositif non actionné et positionné devant les locaux du quartier général de la police Royale thaïlandaise.
La violente insurrection musulmane qui sévit dans les provinces de Yala, Pattani et Narathiwat aurait provoqué près de 7 000 morts, dont une majorité de civils, depuis 2004, selon l’organisation Deep South Watch. Pour le moment, le processus de paix n’a pas abouti à des résultats significatifs.
Ces trois provinces faisaient par le passé partie d’un sultanat musulman malais indépendant avant que la Thaïlande ne les annexe en 1909. Certains groupes insurgés réclament aujourd’hui un État autonome.
Bien que les violences soient généralement limitées à cette région, les cellules rebelles en sortent parfois pour commettre des attentats en dehors de leurs bases.