Le gouvernement thaïlandais remet déjà en cause son projet d’accueillir un premier groupe de touristes étrangers dans le cadre du programme de « visa touristique spécial ». Un haut fonctionnaire indique que des questions administratives compromettent le lancement de celui-ci. Cette annonce apporte toujours plus d’incertitude sur le retour en Thaïlande de voyageurs pourtant essentiels à son économie sinistrée.
Le processus de demande et de délivrance du visa touristique spécial serait en cause et retarderait une réouverture partielle, explique à Reuters le gouverneur de l’Autorité du tourisme de Thaïlande (TAT), Yuthasak Supasorn. Il ajoute qu’une centaine de personnes devraient tout de même venir plus tard ce mois-ci.
Les arrivées de voyageurs étrangers sont interrompues depuis avril, lorsque le gouvernement a interdit les vols commerciaux internationaux pour lutter contre le coronavirus Covid-19.
Visa touristique spécial pour les Chinois
En septembre, la TAT annonçait que 120 personnes munies de visas touristiques spéciaux s’envoleraient directement de Canton vers Phuket début octobre. Or, pour des raisons administratives, leur voyage est à présent différé.
De surcroît, les médias chinois se sont interrogés sur l’identité réelle de ces touristes. Les journalistes n’ont en effet pas été en mesure de confirmer ou documenter les réservations en Thaïlande effectuées par des agents à Canton.
Les opérateurs de Phuket demeurent eux aussi perplexes face à ces propos concernant les voyageurs chinois.
« Nous n’avons pas été informés de l’arrivée de ces touristes », affirme le président de l’Association du tourisme de Phuket, Bhummikitti Ruktaengam.
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« Phuket est prête, mais nous avons besoin de clarté. D’où viennent-ils, combien sont-ils et où séjourneront-ils ? », ajoute M. Bhummikitti. Il souligne que davantage d’informations contribueraient à renforcer la confiance des habitants de cette île du sud de la Thaïlande.
Le mois dernier, les autorités annonçaient qu’un nombre limité de visiteurs, en provenance de pays jugés à faible risque qui effectuent des séjours de longue durée, se verraient accorder une permission d’entrée sur le territoire, et que leur périple devait inclure deux semaines de quarantaine obligatoire. Toutefois, la liste des pays concernés reste une énigme, puisqu’aucun document officiel n’est disponible.
Réduction de la période de quarantaine obligatoire ?
Dans le cadre du programme de visa touristique spécial, le ministère de la Santé a mis en place 12 centres de quarantaine locaux alternatifs dans les provinces de Phuket, Surat Thani, Buriram et Chonburi (Pattaya). À ceux-ci viendront s’ajouter 84 autres en vue de la réouverture éventuelle du pays.
Le directeur général du département des services médicaux, Somsak Akksilp, explique également au Bangkok Post que près de 2 000 lits sont disponibles dans toute la Thaïlande pour les personnes atteintes de la Covid-19. La capitale Bangkok a la capacité de traiter environ 230 à 400 patients par jour et le reste du pays 1 000 à 1 700.
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Parallèlement, le ministère de la Santé a suggéré que la période de quarantaine obligatoire pour les touristes soit réduite de 14 à 10 jours. Il demandera au centre de gestion de la crise Covid-19 de faire évoluer cette disposition.
Depuis l’apparition du nouveau coronavirus, la Thaïlande a — officiellement — enregistré un peu plus de 3 600 cas, soit l’un des taux les plus bas d’Asie. Cependant, l’économie du royaume, lourdement dépendante du tourisme, pourrait se contracter de 8,3 %, un niveau jamais atteint.
Cette année, le bilan touristique du pays pourrait s’élever à 6,7 millions de visiteurs étrangers à peine. Ceci après un record de 39,8 millions en 2019. Les dépenses de ces derniers représentaient près de 11,4 % du PIB.
L’hôtellerie vacille
Les chefs d’entreprise de l’industrie hôtelière de Phuket pressent désormais le gouvernement de proposer une bouée de sauvetage à ce secteur meurtri, en espérant qu’il puisse résister au cours des mois à venir. Les établissements de Phuket cherchent à maintenir un minimum d’activité grâce au tourisme intérieur.
Il demeure cependant que les 86 000 chambres d’hôtel de Phuket ne peuvent pas, objectivement, atteindre le seuil de rentabilité, si l’on ne tient compte que du marché domestique. Et la situation pourrait s’aggraver si aucun soutien n’est apporté ou si les visiteurs étrangers ne sont toujours pas autorisés à revenir.
Le dossier de l’hôtellerie de Phuket continue de soulever de vives tensions. L’absence de consensus national et local sur le programme de visa touristique spécial pour les longs séjours est pointée du doigt. Enfin, la Banque de Thaïlande a elle aussi récemment lancé un sévère avertissement aux autorités.
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