Le baht, un défi pour l’économie thaïlandaise en 2019

Le baht, un défi pour l'économie thaïlandaise en 2019
La hausse du baht devrait représenter un défi important pour l’économie de la Thaïlande en 2019 (Photo : Siam Actu)

La flambée du baht pourrait venir s’ajouter aux nombreux défis auxquels l’économie thaïlandaise, déjà fortement tributaire du commerce international, sera confrontée cette année.

La hausse d’environ 5 % du baht par rapport au dollar au cours des six derniers mois est la plus forte au niveau mondial. Les exportations, qui ont déjà subi les contrecoups du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, ont baissé de 1,7 % en décembre 2018 pour le deuxième mois consécutif.

« Ce sera difficile cette année », a déclaré Duangrat Prajaksilpthai, économiste à TMB Bank. « On s’attendait déjà à un ralentissement des exportations en raison de l’impact de la guerre commerciale. En plus de cela, la vigueur du baht va réduire les recettes tirées des exportations une fois converties en devise locale. »

La hausse du baht

Trois facteurs ont permis au baht de connaître une forte hausse ces derniers mois : les 207 milliards de dollars de réserves de change détenues par la Thaïlande, le surplus de la balance courante et la faiblesse du dollar provoquée en partie par la récente hausse des taux de la Réserve fédérale des États-Unis.

La devise demeurera forte cette année, selon Jitipol Puksamatanan de la Krungthai Bank. Cependant, l’économiste du Groupe ING, Prakash Sakpal, a déclaré que le contexte politique pourrait être le principal facteur d’incertitude, alors que des élections générales sont prévues en 2019 après bientôt cinq ans de régime militaire.

La baisse des exportations

Les exportations de biens et de services représentent environ les deux tiers du produit intérieur brut de la deuxième économie d’Asie du Sud-Est. Les économistes de Bloomberg s’attendaient à une baisse de 0,2 % des exportations de biens en décembre par rapport à l’année précédente, mais elle est en réalité bien plus importante à -1,7 %. Depuis le pic atteint au début de 2018, la croissance de ce secteur a connu un fléchissement.

Certains commentateurs restent néanmoins optimistes quant aux perspectives économiques globales. La Banque mondiale, par exemple, a déclaré la semaine dernière que la progression de la consommation et des investissements privés devrait pallier en grande partie le manque à gagner lié au tassement des exportations.

Le raté de l’inflation

La Banque de Thaïlande a relevé son taux d’intérêt de référence en décembre 2018, pour la première fois depuis 2011, d’un quart de point à 1,75 %, dans un effort de normalisation de sa politique et pour éviter un cumul des risques dans le secteur financier. Mais la hausse du baht pourrait compliquer les choses en pesant sur l’inflation, dont le niveau est déjà inférieur aux objectifs.

« Une faible inflation pourrait entraîner une longue pause dans notre lent cycle de hausse des taux », a déclaré Kampon Adireksombat, économiste chez Kasikorn Securities. « Nous nous attendons à ce que la banque centrale augmente son taux une seule fois cette année, au quatrième trimestre. »