La région du Grand Mékong va s’urbaniser plus rapidement que prévu par l’ONU

La région du Grand Mékong va s’urbaniser plus rapidement que prévu par l’ONU

Renforcé par le phénomène de métropolisation croissant autour des villes existantes, le taux d’urbanisation dans la région du Grand Mékong, qui comprend le Cambodge, le Laos, le Myanmar (Birmanie), la Thaïlande et le Vietnam, progresse à un rythme nettement supérieur aux 2,3 % projetés par l’Organisation des Nations unies (ONU), selon l’Australia and New Zealand Banking Group (ANZ).

L’ANZ s’attend à ce que les délocalisations récentes de sites de production hors de Chine, associées à la réorganisation des chaînes d’approvisionnement, catalysent les processus d’industrialisation et donc d’urbanisation dans la région. Cette situation laisse présager de bonnes perspectives économiques pour les pays concernés et fournit aux gouvernements un instrument politique concret.

Mais l’ANZ affirme également que les estimations de l’ONU restent modérées. Celles-ci demeurent en outre vulnérables aux incohérences dans la définition des villes et dans le comptage ou non des personnes qui résident hors des limites administratives.

Par exemple, la Banque asiatique de développement (BAD) exploite l’imagerie satellite nocturne afin de fixer les contours des agglomérations urbaines, appelées « villes naturelles », et donc les différencier des villes définies par des frontières administratives. La BAD constate que ces villes naturelles se sont développées de manière significative en matière de population et de superficie — bien souvent au-delà des limites administratives.

Par conséquent, la région du Grand Mékong pourrait déjà être sensiblement plus urbanisée que ne le suggèrent les statistiques officielles. De plus, le rythme de cette urbanisation devrait se situer au-dessus des prévisions.

Toutefois, l’avenir ne s’annonce pas entièrement positif pour les économies de la région. En effet, malgré une tendance à l’urbanisation toujours plus importante, certaines menaces planent encore sur le plan international.

De nombreux défis pour la région du Grand Mékong en 2020

Ainsi, en dépit d’une croissance régulière du produit intérieur brut (PIB), d’un taux d’inflation modéré et d’une amélioration de la balance commerciale, le Cambodge demeure sous la menace d’une suppression temporaire de ses préférences tarifaires actuelles et de l’initiative « Tout sauf les armes » de l’Union européenne (UE). Cette situation pourrait contribuer à un retournement des perspectives économiques pour 2020.

Au Laos, le redressement attendu à la suite des inondations de 2018 s’avère plus lent que prévu, en particulier dans l’industrie et les services. Les investissements directs étrangers (IDE) ont aussi été freinés et l’inflation a fortement augmenté en raison des pénuries de riz consécutives à ces inondations. L’ANZ a tiré la sonnette d’alarme face au risque d’escalade de la dette nationale en 2020.

Le Myanmar a bénéficié du boom des arrivées de touristes, de l’accélération des réformes économiques et de l’augmentation des IDE. Néanmoins, la forte inflation, le ralentissement de la croissance chinoise et une éventuelle suppression des accords commerciaux préférentiels avec l’UE compromettent ses perspectives à l’horizon 2020.

Quant à la Thaïlande, l’ANZ prévoit une timide reprise en 2020. La faiblesse de la demande extérieure, des stocks excédentaires et l’endettement élevé des ménages continuent de peser sur l’économie. Toutefois, l’amélioration de la consommation intérieure et des exportations, la relance du secteur essentiel du tourisme et la hausse des dépenses publiques pourraient impulser une dynamique dans le Royaume l’année prochaine.

Enfin, au Vietnam, les IDE très importants devraient soutenir la production manufacturière, et donc entraîner une forte croissance du PIB en 2020. Parallèlement, l’inflation demeure maîtrisée par la banque centrale vietnamienne.

Alors que la région du Grand Mékong a bénéficié et continuera de profiter d’un rythme accru d’urbanisation, « le défi pour les gouvernements consiste à synchroniser la planification et à intégrer tous les aspects de politique économique, de développement des infrastructures, de connectivité et de capital humain dans leurs projets », estiment les analystes de l’ANZ. Ainsi, les facteurs négatifs extérieurs de l’urbanisation ne gommeront pas les avantages attendus.