Le gouvernement thaïlandais et son centre de gestion de la crise Covid-19 ont convenu mercredi, pour la quatrième fois, de prolonger l’état d’urgence d’un mois, malgré les nombreuses plaintes de la part d’activistes et d’opposants.
L’exécutif affirme que la situation relative au coronavirus Covid-19 reste préoccupante, alors même que le pays n’a officiellement enregistré aucun nouveau cas depuis deux mois. Selon les autorités, l’état d’urgence demeure impératif pour garantir une coopération étroite entre les agences intergouvernementales et pour contrôler les arrivées sur le territoire.
La décision sera entérinée mardi prochain, lors du Conseil des ministres.
Malgré cet état d’urgence, l’exécutif a récemment été malmené par une erreur administrative qui a conduit à un confinement partiel de la province de Rayong. Une délégation égyptienne avait ainsi échappé à la quarantaine d’État et était entrée dans le pays sans véritable contrôle. Il fut par la suite révélé que l’un d’entre eux était positif au virus.
De nombreux analystes politiques et activistes ont exprimé leurs préoccupations quant à l’extension de l’état d’urgence.
« On peut se demander pourquoi ils ont besoin de recourir à cette loi alors qu’il n’y a eu aucun cas parmi la population locale depuis deux mois », déclare Arun Saronchai, un analyste politique, cité par Thai Enquirer.
L’état d’urgence pour contrôler les opposants ?
« Cela soulève la question de savoir s’ils utilisent cette mesure comme un bouclier contre la montée du mécontentement populaire et le nombre croissant de mouvements de protestation. »
Par le passé, la police et les autres services de sécurité ont utilisé l’état d’urgence pour empêcher des manifestations ou procéder à l’arrestation de protestataires qui, selon les autorités, constituaient un danger pour la santé publique en se rassemblant en grand nombre.
Selon certains militants et leaders étudiants, l’état d’urgence apparaît comme un prétexte invoqué par un gouvernement qui ne veut pas que son pouvoir soit directement remis en cause et qui n’est pas enclin à respecter la liberté d’expression et de manifestation.
Le week-end dernier, plusieurs rassemblements politiques ont eu lieu à Bangkok et dans d’autres grandes villes de Thaïlande. Les participants exigeaient que le gouvernement du Premier ministre Prayut Chan-o-cha, soutenu par l’armée, démissionne et qu’une nouvelle Constitution soit rédigée, alors que l’actuelle permet aux militaires de compter sur 250 places garanties au Sénat.
Néanmoins, Somsak Roongsita, secrétaire général du Conseil national de sécurité et principal instigateur de la prolongation, a déclaré qu’il n’entendait pas « imposer de couvre-feu ni interdire les rassemblements pour prouver la volonté sincère de lutter contre la maladie », et non contre les opposants.
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