Le secteur privé a de nouveau pressé la Banque de Thaïlande de freiner la montée en flèche du baht, alors que la récente baisse de 25 points de base du taux directeur n’a eu pour ainsi dire aucun effet sur la devise nationale.
Le Comité mixte permanent du commerce, de l’industrie et des banques (JSCCIB) a appelé les responsables politiques, la Banque de Thaïlande et le ministère des Finances à endiguer au plus vite la vigueur du baht afin de préserver la compétitivité du pays, a déclaré Supant Mongkolsuthree, président de la Fédération des industries thaïes.
La dernière baisse du taux directeur n’a pas enrayé l’appréciation du baht, qui pèse sur les exportations, le tourisme et les investissements directs étrangers, a déclaré M. Supant.
« Des mesures supplémentaires pourraient s’avérer nécessaires », a-t-il ajouté.
Depuis le début de l’année, le baht a progressé de 10 et 14 % par rapport au yuan chinois et au won sud-coréen.
La devise thaïlandaise a également bondi d’environ 6 % face au dollar américain depuis janvier, soit la meilleure performance d’Asie. Le dong vietnamien, l’un des concurrents régionaux, est quant à lui resté stable par rapport au billet vert.
Dans son rapport publié à l’issue de sa réunion du 7 août, le Comité de politique monétaire de la Banque de Thaïlande a fait état de ses craintes quant à l’impact que les variations du baht pourraient avoir sur l’économie. Ces préoccupations ont été renforcées par le contexte de tensions commerciales croissantes à l’échelle internationale.
La banque centrale a amorcé un effort de maîtrise des entrées fonds offshore à court terme en réduisant son offre de nouvelles obligations.
Elle a ensuite intensifié ses initiatives en abaissant le plafond des comptes des non-résidents de 300 à 200 millions de bahts par personne, tout en exigeant une déclaration indiquant le nom des bénéficiaires pour tous les titres de créance thaïlandais détenus par des non-résidents.
Si, comme attendu, la Réserve fédérale américaine assouplit une nouvelle fois sa politique, le baht devrait encore se renforcer.
La vigueur du baht fait chuter les prévisions de croissance
Le JSCCIB souhaite participer à un comité fiscal et monétaire initié par le vice-Premier ministre Somkid Jatusripitak afin d’aider les décideurs politiques à identifier les moyens de stimuler l’économie, a indiqué M. Supant.
Predee Daochai, président de l’Association des banquiers thaïlandais, a rappelé qu’un baht plus fort réduit la compétitivité du pays, sur fond de ralentissement économique et de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
La croissance de la Thaïlande devrait se révéler inférieure à 3 % cette année, en baisse par rapport aux attentes initiales, et les projections pourraient à nouveau être réduites d’ici le mois prochain.
Le JSCCIB prévoit que les expéditions vers l’étranger se situeront dans une fourchette comprise entre -1 et 1 % cette année.
Le Comité a estimé que la dynamique économique en juillet demeurait léthargique, seul l’or ayant permis aux exportations de sortir la tête de l’eau.
En outre, la consommation intérieure s’est révélée atone, tandis que les investissements sont restés stables.
Le plan de relance annoncé par le gouvernement pourrait quelque peu compenser les effets de ces facteurs négatifs. Cependant, un certain temps sera nécessaire pour que les mesures tendant à favoriser les investissements étrangers se traduisent par des résultats concrets.