L’économie de la Thaïlande entre officiellement en récession après son pire trimestre depuis huit ans

L’économie de la Thaïlande entre officiellement en récession après son pire trimestre depuis huit ans

L’économie thaïlandaise est entrée dans une phase de récession (Photo : The Standard)


L’économie thaïlandaise est entrée dans une phase de récession (Photo : The Standard)

Au cours du premier trimestre 2020, l’économie de la Thaïlande s’est contractée à son rythme le plus brutal depuis huit ans, entraînant ainsi la seconde puissance d’Asie du Sud-Est dans une phase de récession plus précoce que prévu, sur fond dimpact considérable de la pandémie de coronavirus Covid-19 sur le tourisme et l’activité intérieure.

L’agence de planification de l’État, qui a publié lundi les chiffres relatifs à la période comprise entre janvier et mars, a réduit ses prévisions liées au produit intérieur brut (PIB) pour 2020 à une contraction de 5,0 à 6,0 %. Jusqu’au mois de février dernier, une croissance de 1,5 à 2,5 % était attendue.

Il s’agirait-là de la pire performance depuis 1998, année au cours de laquelle la crise financière asiatique avait mis à mal l’économie.



Au premier trimestre, l’économie a ainsi reculé de 1,8 % par rapport à l’année dernière. Cette régression s’avère la plus prononcée depuis le quatrième trimestre de 2011, qui avait été marqué par de graves inondations.

« Les retombées de l’épidémie au deuxième trimestre seront beaucoup plus importantes qu’au premier », estime Phacharaphot Nugtramas, de la Krung Thai Bank, qui prédit une contraction de l’économie de 8,8 % en 2020.

L’impact des mesures de confinement imposées, bien que désormais partiellement allégées, continuera à affecter les dépenses des ménages et les investissements privés pour le reste de l’année, ajoute-t-il.

L’agence a en outre revu à la baisse le PIB trimestriel d’octobre à décembre 2019, en le ramenant d’une croissance de 0,2 % à une contraction de 0,2 %. Concrètement, l’économie thaïlandaise a désormais sombré dans une récession technique.



Le pire reste à venir

Au deuxième trimestre, l’économie subira le coup le plus dur en raison des mesures de confinement, déclare Thosaporn Sirisumphand, président du Conseil national de développement économique et social (NESDC).

« Il devrait y avoir une reprise en forme de U », explique-t-il, en ajoutant que les touristes étrangers pourraient être autorisés à entrer dans le pays au troisième ou au quatrième trimestre.

Dimanche, la Thaïlande a rouvert ses centres commerciaux et ses grands magasins pour la première fois depuis le mois de mars. Ces mesures ont été prises dans le cadre de la deuxième phase d’assouplissement des restrictions liées à la lutte contre le coronavirus, sur fond de ralentissement du nombre de nouveaux cas confirmés.

Les autorités ont en outre prolongé l’interdiction des vols commerciaux entrants jusqu’à la fin juin pour tenter de freiner la propagation du Covid-19. La pandémie a déjà infecté plus de 4 millions de personnes dans le monde et 3 033 en Thaïlande.



La Banque de Thaïlande tente d’assouplir sa politique

L’agence de planification de l’État a aussi réduit ses prévisions relatives aux exportations et au nombre de touristes étrangers, les deux principaux moteurs de la croissance du pays.

Elle table désormais sur une baisse de 8 % des exportations, contre une hausse de 1,4 % auparavant, et a réduit ses prévisions concernant le nombre de touristes étrangers cette année à 12,7 millions, contre 37 millions précédemment, après un record de 39,8 millions l’année dernière.

Toutefois, selon M. Thosaporn, du NESDC, l’emprunt de 1 000 milliards de bahts (29 milliards d’euros) envisagé par le gouvernement permettra d’atténuer quelque peu l’impact de l’épidémie.

La plupart des économistes s’attendent à ce que la banque centrale réduise davantage son taux directeur, qui a atteint le niveau record de 0,75 %.

« Les perspectives de croissance et de reprise à court terme se montrant peu favorables, la Banque de Thaïlande devrait encore assouplir sa politique […] pour arriver au taux record de 0,5 % », selon Capital Economics, un cabinet de conseil en recherche économique basé à Londres.

« Dans l’ensemble, nous pensons que l’économie se contractera de 9 % cette année, ce qui serait encore pire que pendant la crise financière asiatique. »

Au cours du premier trimestre, le nombre de touristes étrangers a dégringolé de 38 % par rapport à l’année précédente, tandis que les investissements privés ont chuté de 5,5 % et ceux publics de 9,3 %. La consommation des ménages a quant à elle augmenté au rythme ralenti de 3 %.