Depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus Covid-19 et la mise en place de restrictions, les violences domestiques ont quasiment doublé en Thaïlande, selon les données du ministère du Développement social et de la Sécurité humaine.
Entre début février et fin avril, le nombre d’incidents qui résultent de conflits familiaux a atteint 474, indique Patcharee Arayakul, porte-parole du ministère.
Les autorités ont ainsi renforcé les effectifs de l’assistance téléphonique spéciale au 1300 afin de faire face à la multiplication des appels.
Avant le mois de février, on comptait 15 lignes opérationnelles. Désormais, 60 agents sont affectés.
Mme Patcharee a ajouté que la hotline reçoit des demandes très variés. Celles-ci sont souvent liées à des plaintes pour violence domestique, mais elles portent aussi sur les mesures d’aide prévues par le gouvernement pour faire face au Covid-19.
Le plus souvent, les femmes et les enfants sont les victimes de ces faits et la plupart des accusations portent sur des coups et blessures, des disputes liées à des relations extraconjugales ou de la jalousie. D’autres plaintes concernent aussi la tension psychologique qui résulte de la stagnation économique induite par la pandémie.
Si des appels sont reçus pendant que des violences ont lieu, les autorités dépêchent une équipe sur place immédiatement afin de porter secours aux victimes.
Parfois, les agents estiment que le contexte n’est plus adapté à la sécurité des personnes et elles sont relogées dans un centre d’accueil d’urgence aménagé par le ministère. Celles-ci bénéficient également de conseils en matière d’aide sociale et d’une assistance juridique si nécessaire.
Le confinement exacerbe les violences domestiques
Supensri Puengkoksung, directrice de la Social Equality Promotion Foundation, indique qu’une combinaison de facteurs explique l’augmentation des violences domestiques pendant la pandémie.
Les difficultés économiques actuelles amplifient le niveau de stress de la population, car de nombreuses personnes réalisent que leur emploi est menacé. En outre, la consommation d’alcool à la maison s’accentue, puisqu’il n’est plus possible de sortir pour avoir des relations sociales. Lorsqu’ils sont sous l’emprise de l’alcool, certains reportent leur frustration sur les membres de leur foyer.
« Il faut inculquer à chacun, et surtout aux hommes, la bonne attitude et le respect d’autrui », estime Mme Supensri.
Elle ajoute que les violences domestiques se produisent aussi sur les réseaux sociaux, où de nombreuses menaces sont brandies, avec une intervention des forces de police parfois nécessaire pour prévenir ces violences.
Santhanee Dissayabutr, procureure au tribunal provincial des mineurs et de la famille à Ayutthaya, affirme que le contexte des membres d’une même famille qui vivent de façon prolongée en étroite proximité pendant la période de confinement peut créer des tensions. De plus, les difficultés économiques croissantes se révèlent susceptibles de générer des violences.
Dans certains pays, les agressions domestiques ont augmenté de 20 à 30 % au cours de la crise et, par conséquent, des cellules d’intervention rapide ont été mises en place.
Les nouvelles technologies offrent désormais davantage de moyens pour aider les victimes de violence.
Celles-ci peuvent signaler les faits par l’intermédiaire d’une application. Des agents prendront alors en charge leur demande.