Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de plusieurs leaders antigouvernementaux en début de journée jeudi (15 octobre), juste après la proclamation de « l’état d’urgence renforcé » à Bangkok par le pouvoir et au lendemain de rassemblements massifs dans les rues de la capitale.
Depuis trois mois, des manifestations hostiles au pouvoir se déroulent à travers la Thaïlande et principalement à Bangkok. Des mouvements menés par des étudiants protestent pour réclamer le départ du gouvernement de Prayut Chan-o-cha, une nouvelle constitution pour remplacer l’actuelle rédigée par l’armée et une réforme de la monarchie.
Un rassemblement majeur s’est tenu mercredi au cours duquel les participants ont une nouvelle fois soulevé la question de l’institution royale thaïlandaise. De surcroît, un incident s’est produit lors de cette journée dans la vieille ville de Bangkok, avec des scènes sans précédent qui ont vu les manifestants protester face à un cortège royal qui comprenait la reine Suthida et le prince Dipangkorn.
Scène sans précédent face au siège du gouvernement à #Bangkok, le cortège royal s’est retrouvé bloqué par une partie des manifestants qui avaient réussi à rejoindre les lieux.
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La monarchie thaïlandaise occupe traditionnellement une place sacrée dans la société et bénéficie de la protection d’une loi de lèse-majesté qui prévoit une peine d’emprisonnement qui peut aller jusqu’à 15 ans pour toute personne coupable « d’insulte » à la famille royale.
Malgré cela, depuis le début des manifestations étudiantes, les opposants au pouvoir ont ouvertement remis en question le rôle de cette institution traditionnelle et sa présumée ingérence dans la politique et la gestion des affaires publiques.
« Scènes inacceptables »
Le Premier ministre Prayut a déclaré tôt jeudi matin que cette situation était inacceptable et que des mesures fermes seraient prises à l’encontre des manifestants, au motif qu’ils jettent le discrédit sur la monarchie.
Le gouvernement a ensuite imposé « l’état d’urgence renforcé » à Bangkok, en interdisant les rassemblements de plus de quatre personnes, en soumettant la presse à des mesures de censure et en autorisant le pouvoir à procéder à des arrestations sans mandat.
Les opposants au pouvoir ont quitté le monument de la démocratie et se dirigent vers le siège du gouvernement. Les routes principales ont cependant été bloquées et sont occupées par les forces de sécurité.
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Après la proclamation de l’état d’urgence, les forces de l’ordre ont repris le contrôle de la zone occupée par les opposants pendant la nuit, autour du siège du gouvernement.
Plusieurs leaders importants du mouvement ont été interpellés et détenus par les services de sécurité de l’État, notamment Anon Numpha, un célèbre avocat spécialisé dans les droits de l’Homme, Parit Chirawut et Panupong Jadnok.
Tous ont tenu des discours qui ont évoqué la monarchie.
Nouveaux appels à la mobilisation à Bangkok
Les leaders étudiants qui n’ont pas été arrêtés appellent à un nouveau rassemblement contre les interpellations arbitraires et le gouvernement.
Ils affirment qu’ils se réuniront à 16 heures, jeudi 15 octobre, à l’intersection de Ratchaprasong, en plein cœur de Bangkok. Les autorités devraient prononcer la manifestation illégale, car elle constitue une violation de l’état d’urgence à peine proclamé.
Krissana Pattanacharoen, porte-parole de la police, a déclaré que l’état d’urgence permettra aux forces de l’ordre d’arrêter et de poursuivre toute personne qui encourage ou se rend au rassemblement de Ratchaprasong.
❗ Le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-o-cha a instauré un état d’urgence « renforcé » à 4 heures ce matin, sur fond de de nouvelles manifestations et du blocage d’un cortège royal.#ม๊อบ14ตุลา #Thaïlande #Thailand #Bangkok #whatshappeninginthailand pic.twitter.com/8UeANc7iof
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Les manifestants accusent le gouvernement
Les militants prodémocratie se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur désapprobation à l’égard du gouvernement après ces arrestations. De nombreux observateurs en ligne ont reproché aux pouvoirs publiques la confrontation entre le cortège royal et les manifestants mercredi après-midi.
Ils affirment que les autorités auraient pu dévier le cortège vers une autre route, mais qu’elles ont préféré orchestrer cette rencontre pour justifier la répression des contestataires.
Les opposants au régime font pression depuis plusieurs mois sur le gouvernement pour qu’il démissionne et l’incident de mercredi fournit à l’administration Prayut une excuse idéale pour museler leur mouvement, estiment-ils.
Message de l’ambassade de France en Thaïlande à la communauté française
Suite aux manifestations des 13 et 14 octobre 2020, le gouvernement thaïlandais a promulgué le 15 octobre 2020 à 4 heures du matin, l’état d’urgence renforcé dans la localité de Bangkok.
Il interdit :
- les rassemblements de plus de 5 personnes et de toute action incitant au désordre ;
- la publication d’informations en ligne qui pourraient créer un sentiment de peur ou mettre en jeu la sécurité nationale ;
- l’accès à des zones désignées.
De manière générale, il est recommandé de se tenir à l’écart de tout rassemblement susceptible de donner lieu à des heurts ou affrontements et de se tenir informé de l’évolution de la situation.
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