Dans son dernier classement mondial de la liberté, Freedom House, un groupe de défense de la démocratie basé aux États-Unis, a rétrogradé la Thaïlande de la catégorie « partiellement libre » à « non libre ». Le rapport a ainsi attribué au royaume un score total de 30 sur 100, contre 32 sur 100 dans l’enquête précédente.
Cette dégradation fait suite à la dissolution, ordonnée par la justice, de la formation d’opposition Parti du nouvel avenir en 2020 et à la constante répression contre les groupes prodémocratie. Freedom House confirme que ces facteurs font partie de ceux qui ont contribué au changement de statut du pays, dans le rapport de la « liberté dans le monde » publié récemment.
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En 2017 et 2018, la Thaïlande était déjà considérée comme « non libre ». Une légère amélioration en 2019 reflétait en partie le fait que des élections avaient enfin été organisées après cinq années de régime militaire. Néanmoins, Freedom House avait observé que le processus se révélait défaillant.
« Les résultats, annoncés six semaines après le scrutin, ont été entachés d’irrégularités, avec des bulletins “perdus”, et des décomptes de voix initiaux changés. De surcroît, la formule de répartition des sièges entre les partis a été modifiée après le vote afin de réduire ceux remportés par les formations d’opposition et de les redistribuer aux partis d’obédience militaire », souligne le rapport.
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Il mentionne également que « la combinaison de la détérioration de la démocratie et des frustrations liées au rôle de la monarchie » a provoqué les plus importantes manifestations antigouvernementales que le pays ait connues depuis plusieurs années.
« En réponse à ces protestations menées par la jeunesse, le régime a eu recours à des tactiques autoritaires familières, notamment des arrestations arbitraires, des intimidations, des accusations de lèse-majesté et le harcèlement des activistes », poursuit le rapport. « La liberté de la presse est limitée, l’application équitable de la loi n’est pas garantie et les crimes commis contre les militants restent impunis. »
À propos du classement Freedom House de la « liberté dans le monde »
Freedom House évalue les pays sur la base de 10 indicateurs relatifs aux droits politiques et de 15 liés aux libertés civiles. En 2020, la Thaïlande a obtenu un score de 5 sur 40 pour les droits politiques et de 25 sur 60 pour les libertés civiles.
L’année passée, le rapport couvrait 210 pays et territoires. Il a attribué à 82 le statut de « pays libre », à 59 celui de « partiellement libre » et à 54 celui de « non libre ». Les résultats font aussi apparaître une érosion constante des libertés depuis 2005, date à laquelle il dénombrait 89 pays libres, 58 partiellement libres et 45 non libres.
Selon l’organisation, les retombées du déclin démocratique à long terme « sont devenues de plus en plus mondiales », ressenties par les populations qui vivent sous des régimes dictatoriaux, mais aussi par les citoyens des démocraties bien établies.
« Le recul en cours a fait naître des affirmations sur la prétendue infériorité inhérente de la démocratie. Parmi les partisans de cette notion figurent des observateurs officiels chinois et russes qui cherchent à renforcer leur influence internationale tout en échappant à l’obligation de rendre des comptes pour les abus commis, ainsi que des acteurs antidémocratiques au sein des États démocratiques qui y voient une occasion de consolider leur pouvoir », écrivent les auteurs.
« Tous deux se réjouissent de l’effondrement de la démocratie et contribuent à l’exacerber, en se dressant contre les groupes et les individus courageux qui œuvrent à inverser les dégâts. »
Fondée en 1941, Freedom House est une organisation à but non lucratif financée par le gouvernement américain qui conduit des recherches et des actions de plaidoyer sur la démocratie, la liberté politique et les droits de l’Homme.
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