Les habitants et agriculteurs du nord et du nord-est de la Thaïlande sont actuellement confrontés à la pire vague de sécheresse de ces quarante dernières années. Dans certaines localités, les récoltes dépérissent dans les champs arides alors qu’une pénurie d’eau courante menace.
Vendredi, un responsable de la compagnie des eaux de la province de Nakhon Ratchasima a mis en garde contre une pénurie imminente d’eau courante dans les zones où les réservoirs sont au plus bas.
« C’est la plus longue période sans pluie depuis 40 ans », a déclaré Prayat Raksachat, chargé du système d’eau courante à Thap Kwai, un village du district de Phimai, dans la province de Nakhon Ratchasima.
« Les réserves d’eau courante ne sont plus qu’à 1 % de leur capacité », a-t-il déploré.
M. Prayat s’est montré particulièrement préoccupé par l’approvisionnement en eau de ce village de 500 habitants.
Dans une grande partie du nord-est du pays, les rizières ont commencé à se faner et à jaunir dans les zones non irriguées. En cette période de l’année correspondant à la saison des pluies, celles-ci devraient normalement être vertes et saines.
Chaiyong Chaiburi, un agriculteur du sous-district de Chiwan, a déclaré que les conditions climatiques arides l’ont forcé à faucher l’ensemble de ses rizières, soit huit hectares.
« Je m’en suis servi pour nourrir mes buffles », explique-t-il. « Il vaut mieux voir le riz utilisé à bon escient plutôt que de se dessécher et mourir. »
Dans la province de Chaiyaphum, les habitants ont eu recours à un ancien rituel connu sous le nom de « hae nang maeo », ou « procession du chat », dans une tentative désespérée d’apaiser les dieux et faire tomber la pluie dans les zones arides.
Selon cette tradition, les villageois doivent jeter de l’eau sur des chats transportés dans des cages. La croyance veut que le miaulement des chats soit entendu par les dieux comme un appel à la pluie.
« Mais nous comprenons désormais que traiter les chats de cette façon est cruel, alors nous utilisons plutôt des peluches », a expliqué Songkhram Wonsikhai, un résident de 75 ans.
Sécheresse tout aussi préoccupante dans le nord
Le niveau d’eau du réservoir Mae Kuang Udom Thara dans la province de Chiang Mai, est tombé à seulement 12 % de sa capacité. Ce seuil est encore plus bas que celui observé pendant la sécheresse de 2015, a indiqué Chensak Limpiti, directeur du site.
Le vice-ministre de l’Agriculture, Prapat Pothasuthon, a fait savoir que son ministère veillerait à tenir les agriculteurs informés de la sécheresse et des conditions météorologiques.
« Malgré les conditions difficiles, nous devons dire la vérité aux agriculteurs. Ils doivent savoir si leurs cultures survivront ou non », a-t-il affirmé.
La Thaïlande n’est pas le seul pays d’Asie à souffrir de cette sécheresse en pleine saison des pluies, a indiqué Smith Thammasaroj, ancien président du Centre national de prévention des catastrophes naturelles. L’Inde, le Pakistan et le Myanmar (Birmanie) seraient confrontés à une situation similaire, alors que l’air humide en provenance du pôle Nord ne s’est pas déplacé vers le sud comme il le fait habituellement.
Cela se traduira par des précipitations moindres, voire inexistantes, jusqu’en septembre, a-t-il ajouté.
Le Département météorologique a quant à lui expliqué que le retard des pluies était partiellement causé par le réchauffement de l’océan Pacifique. Il en résultera une diminution des précipitations de l’ordre de 5 % dans les plaines de l’est et du centre de la Thaïlande, y compris Bangkok, jusqu’au mois prochain.