La Commission électorale (CE) de Thaïlande fait l’objet de sérieuses critiques suite aux nombreuses erreurs qui auraient entaché le décompte des voix et l’annonce des résultats du scrutin législatif du 24 mars dernier.
Le Parti du nouvel avenir (FFP) fait notamment pression pour qu’un nouveau vote ait lieu dans la première circonscription de Nakhon Pathom, centre du pays, afin de rééquilibrer la situation après avoir affirmé que le recomptage des voix de dimanche était entaché d’irrégularités.
Dans cette circonscription, la candidate du FFP Savika Limpasuwanna aurait perdu lors du scrutin du 24 mars par 147 voix d’écart, face à son adversaire du Parti démocrate Sinthop Kaeophichit.
Mme Savika a alors demandé un recomptage des voix après avoir examiné les chiffres de la Commission électorale, qui a été accordé pour les 245 bureaux de vote de la circonscription et qui s’est tenu à l’Université Silapakorn dimanche dernier.
Bien que les résultats officiels du nouveau dépouillement n’avaient pas encore été annoncés, le Parti démocrate s’est autoproclamé vainqueur par 4 bulletins d’avance.
Peu de temps après, Chatchai Chanpraisri, membre de la CE, a cependant déclaré aux médias que la candidate du FFP était en tête de 62 voix.
Cette confusion a perduré jusqu’à lundi, lorsque le secrétaire général de la CE, Jarungvith Phumma, a annoncé que le candidat démocrate avait recueilli 35 711 voix, soit 4 de plus que Mme Savika.
Évoquant des irrégularités et une panne d’électricité de 20 secondes pendant le dépouillement des bulletins de vote, le FFP a fait valoir que le décompte était erroné et que la CE devait organiser une nouvelle élection.
« Avec des résultats qui évoluent autant, il n’est pas possible de dire quel chiffre est correct », affirme un communiqué du FFP.
La crédibilité de la Commission ébranlée
Mme Savika a déclaré sur sa page Facebook qu’elle souhaitait des éclaircissements. « Le problème, c’est le doute qui persiste. Gagner ou perdre n’est pas aussi important que la clarté, la transparence et l’équité », a-t-elle ajouté.
Le leader adjoint du Parti démocrate, Satit Pitutacha, a lui aussi commenté la situation lundi : « Je vous en prie, plus d’erreurs. Cela nuit à l’organisation. La confiance du peuple a été anéantie. »
Samarn Naksakakul, responsable des élections à Nakhon Pathom, a admis lundi qu’il y avait eu une erreur dans le processus de recomptage.
Selon lui, il a été constaté que des bulletins de vote en faveur du candidat démocrate avaient été indûment comptabilisés en faveur d’un autre parti.
Sawaeng Boonmee, secrétaire général adjoint de la CE, a déclaré lundi qu’un dépouillement supplémentaire serait organisé si ces irrégularités sont avérées.
« Deux raisons juridiques peuvent motiver un recomptage : si l’élection n’est pas transparente ou n’est pas équitable, et si le décompte des voix est incorrect. Un écart minime n’est pas un fondement, même s’il s’agit d’une seule voix », a-t-il déclaré.
Concernant le manque d’empressement de la CE à annoncer les résultats définitifs plus d’un mois après les élections, M. Sawaeng a déclaré que la loi exige que l’agence valide au moins 95 % de ceux-ci avant le 9 mai, ce qui devrait effectivement être respecté.
Parallèlement, le Parti démocrate a réaffirmé lundi que son candidat avait remporté la première circonscription de Nakhon Pathom par 4 voix d’avance dimanche et a exhorté la CE à annoncer les résultats le plus rapidement possible.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, le chef par intérim du parti, Jurin Laksanavisit, a déclaré que des représentants avaient été envoyés pour observer le dépouillement et que des éléments probants permettaient de confirmer la victoire de son candidat.