Après 48 ans de publication, The Nation, l’un des deux journaux thaïlandais anglophones, va mettre un terme à son édition imprimée avec un dernier numéro prévu pour le 28 juin prochain.
Somchai Meesen, PDG du groupe Nation Multimedia, a toutefois assuré qu’il n’y aurait pas de licenciement au sein de la rédaction. Cette dernière poursuivra son travail et se concentrera à plein temps sur la plateforme en ligne.
S’exprimant dans le cadre d’un programme télévisé jeudi, M. Somchai a déclaré que la migration des lecteurs vers les réseaux sociaux comme source principale d’informations, ainsi que la baisse des recettes publicitaires, avaient rendu difficile la survie des journaux imprimés traditionnels.
Il a ajouté que la plupart des lecteurs de The Nation sont issus de la « nouvelle génération », ils ont vécu à l’étranger et sont pour la plupart habitués aux services de la presse en ligne. Selon le PDG, les ventes de la version imprimée sont désormais limitées aux entreprises, hôpitaux et compagnies aériennes, alors que les coûts de production sont devenus particulièrement importants.
C’est dans ce contexte que l’entreprise a justifié l’interruption de l’édition papier du quotidien The Nation.
En plus de l’édition en ligne en anglais, il a également révélé que l’entreprise devrait bientôt lancer une version chinoise, d’ici le mois d’octobre.
The Nation fut fondé en 1971 en grande partie comme alternative progressiste au Bangkok Post, leader du marché anglophone, qui était alors perçu comme trop conservateur.
D’un point de vue financier, le journal ne fut que rarement viable. En effet, la Thaïlande a connu une période de prospérité pendant le boom économique des années 1980 et au début des années 1990, mais comme beaucoup de médias thaïlandais, il a été dévasté par la crise financière asiatique de 1997, qui a entraîné la chute des recettes publicitaires, en particulier dans le secteur immobilier qui était à l’origine à la fois de l’essor et du ralentissement de l’économie.
De nombreuses publications avaient alors sombré, mais The Nation avait tant bien que mal survécu, sans toutefois retrouver une stabilité financière depuis.
Suthichai Yoon, l’un des cofondateurs de The Nation, a guidé le quotidien tout au long de son histoire, mais il a décidé de le quitter après une prise de contrôle en janvier dernier par un groupe de médias conservateur.
Depuis une décennie, le journal perdait près de 30 millions de bahts (environ 850 000 euros) par an.