Le Tribunal correctionnel de Paris a relaxé mercredi Jawad Bendaoud, qui avait procuré un logement au cerveau présumé des attentats meurtriers du 13 novembre 2015, le Parquet a décidé de faire appel.
Il a en revanche condamné ses deux co-prévenus, Mohamed Soumah, à cinq ans de prison avec maintien en détention, et Youssef Aït Boulahcen à quatre ans dont un avec sursis. Le Parquet a fait appel de ces décisions.
Le tribunal a relaxé mercredi Jawad Bendaoud, baptisé dans l’Hexagone le « logeur de Daesh » (acronyme arabe du groupe État islamique). Le ministère public avait requis quatre ans de prison contre ce délinquant multirécidiviste, jugé depuis le 24 janvier pour recel de malfaiteurs terroristes pour avoir procuré un logement au cerveau présumé des attentats meurtriers du 13 novembre 2015, Abdelhamid Abaaoud.
La présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez a estimé que ni l’instruction, ni l’audience n’avaient prouvé que Jawad Bendaoud avait « fourni un hébergement à deux individus qu’il (savait) être des terroristes du 13 novembre afin de les soustraire aux recherches ».
Le tribunal a en revanche condamné ses deux co-prévenus, Mohamed Soumah, un petit trafiquant de drogue de 28 ans, à cinq ans de prison avec maintien en détention, et Youssef Aït-Boulahcen, ambulancier de 25 ans et cousin d’Abdelhamid Abaaoud, à quatre ans dont un avec sursis, sans mandat de dépôt.
Le Parquet de Paris a aussitôt annoncé qu’il faisait appel de ces décisions, « ne partageant pas l’analyse du tribunal » pour ce qui est le premier procès lié aux attentats de 2015 lors desquels 130 personnes sont mortes et plus de 400 ont été blessées à Paris et à Saint-Denis.
L’appel ne remet pas en cause la sortie de prison de Jawad Bendaoud
Ce procès hors norme, avec quelque 700 parties civiles et plus de 100 avocats, était d’autant plus médiatique que Jawad Bendaoud a défrayé la chronique par ses déclarations au tribunal.
Le jeune homme de 31 ans, surnommé tout simplement « Jawad » ou encore « le logeur de Daesh » suite à une interview qu’il avait donnée le 18 novembre 2015 alors que le RAID – l’unité d’intervention de la police nationale – donnait l’assaut à Saint-Denis, est devenue la risée des réseaux sociaux.
Devant la caméra de BFM-TV, il avait déclaré: « J’ai appris que c’était chez moi, j’étais pas au courant que c’était des terroristes. On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service ». Cette vidéo a été parodiée de multiples façons avant de devenir virale et tourner en boucle sur Internet.
Mohamed Soumah était jugé comme Jawad Bendaoud pour recel de terroristes. Le tribunal a considéré que, contrairement à ce dernier, il avait « une connaissance directe par Hasna Aït Boulahcen » de leur « qualité de terroristes du 13 novembre ».
Le troisième homme, et le seul qui comparaissait libre, Youssef Aït-Boulahcen, était jugé pour non-dénonciation d’acte terroriste, ce dont il a été reconnu coupable. Le ministère public avait considéré qu’il avait « le profil le plus inquiétant » des trois prévenus, lui reprochant notamment de n’avoir jamais signalé la radicalisation de sa soeur.