Le gouvernement français a lancé lundi 19 février le chantier ultra sensible de l’avenir de la SNCF, en recevant direction de l’entreprise publique et syndicats, quatre jours après la remise du rapport Spinetta vécu par les cheminots comme une « attaque » contre le service public ferroviaire.
« La casse du service public, c’est de laisser perdurer la situation actuelle ! », a répondu dimanche 18 février la ministre des Transports, Elisabeth Borne. « Nous allons aborder des sujets très sensibles. Il y a des inquiétudes et forcément beaucoup de questions, c’est légitime. Nous allons dialoguer, y répondre », a-t-elle promis, en indiquant que « la méthode et le calendrier seront annoncés le 26 février à Matignon ».
Un mois plus tard, le 22 mars, jour de grève dans la fonction publique, cheminots et usagers se rassembleront à l’appel de la CGT-Cheminots (1er syndicat) pour une « manifestation nationale » à Paris visant à défendre « un service public SNCF de qualité ». La France insoumise sera à leurs côtés, a indiqué le député Alexis Corbière.
La première phase de concertation s’ouvre ce lundi 19 février : Guillaume Pepy, président du groupe et PDG de SNCF Mobilités, Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance, et Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, seront reçus à Matignon pour évoquer les profondes réformes préconisées par le rapport remis jeudi 9 février au Premier ministre.
Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD et CFDT) seront, eux, reçus séparément au ministère des Transports. Le Premier ministre Edouard Philippe rencontrera les représentants des usagers et des régions le reste de la semaine.
Parmi les pistes évoquées dans le rapport commandé à l’ex-président d’Air France Jean-Cyril Spinetta : une transformation en « sociétés nationales à capitaux publics » des deux principales composantes de l’entreprise, SNCF Mobilités et SNCF Réseau, aujourd’hui établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), et la fin du statut de cheminot à l’embauche.
Ouverture à la concurrence dans les années à venir
Une ouverture à la concurrence est prévue fin 2020 pour les TGV et fin 2023 pour les TER. Les syndicats dénoncent à l’unisson un « sabordage du chemin de fer français » selon les mots de la CGT-Cheminots, avec « des mesures de rentabilité visant exclusivement à la rationalisation du transport ferroviaire » selon l’Unsa-Ferroviaire (2e syndicat).
Ils préviennent qu’une remise en cause du statut de cheminot à l’embauche serait un casus belli. C’est la politique ferroviaire développée ces dernières décennies, entre grands projets dispendieux et mauvais entretien du réseau, qui a généré la crise actuelle, pas ce statut, disent-ils, quand le délégué général de LREM Christophe Castaner estimait vendredi 18 février qu’il faut « oser assumer de mettre sur la table les tabous et les privilèges ».