Environ 41 500 manifestants se sont mobilisés ce week-end à travers la France pour « l’Acte XIV » du mouvement des gilets jaunes, selon les chiffres annoncés par le gouvernement, marquant une baisse progressive de la mobilisation dans un contexte de nouvelles violences.
Des incidents ont eu lieu à Paris, Toulouse, Bordeaux ou encore Rouen, la police utilisant des gaz lacrymogènes et des « flash-ball » pour disperser la foule.
Quatre personnes ont été blessées à Rouen lorsqu’une voiture qui s’était retrouvée bloquée a forcé le passage. Le conducteur était accompagné de sa femme et de leur enfant et a pris peur lorsque les manifestants ont commencé à sauter sur son véhicule et lancer des projectiles.
Les secouristes ont pris en charge les personnes blessées lors de cet incident et le chauffeur s’est rendu de lui-même au commissariat de police un peu plus tard.
🔴 #ActeXIV à #Rouen. Au moins trois personnes sont à terre sur la route. Visiblement une voiture a forcé le passage. Ils sont pris en charge par les street medics en attendant les pompiers. pic.twitter.com/OuZSTSiZHK
— Julien Bouteiller (@j_bouteiller) 16 février 2019
À Bordeaux, environ 5 000 personnes ont défilé dans les rues. La police a répondu aux manifestants qui lançaient des projectiles à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogène.
Dans la ville de Toulouse, le défilé s’est déroulé dans le calme, même si quelques échauffourées ont éclaté vers la fin du parcours, avec des vitrines de magasins et de banques brisées dans le centre-ville.
Dans le reste de l’Occitanie, mais aussi dans la région Grand Est, certains manifestants ont appelé à un « retour aux sources », avec des blocus et des manifestations aux abords des ronds-points. Les autorités ont cependant déclaré qu’elles ne toléreraient « aucun blocage, ni filtrage » de la circulation.
Alain Finkielkraut visé en marge du cortège parisien des gilets jaunes
Ce recul de la mobilisation à travers la France intervient au moment même où deux personnalités bien connues associées au mouvement – Eric Drouet et Christophe Dettinger – ont été condamnées par la justice à Paris.
Un mois d’emprisonnement a été requis à l’encontre d’Eric Drouet pour « organisation de rassemblements non autorisés ».
Christophe Dettinger a quant à lui écopé d’une peine de 30 mois de prison dont 18 avec sursis et 12 sous un régime de semi-liberté. Pendant un an, il sera donc libre la journée, mais devra retourner en détention la nuit. Le tribunal a également assorti sa peine d’une interdiction de séjour dans la ville de Paris pour 6 mois et de 5 000 euros de dommages et intérêts.
Dans la capitale, des manifestants s’en sont également brièvement pris au philosophe et écrivain Alain Finkielkraut, fils d’immigrés polonais en France.
🔴Quand les #GiletsJaunes croisent le philosophe Alain #Finkielkraut boulevard du Montparnasse, à #Paris, et l'insultent copieusement.#Acte14 #ActeXIV pic.twitter.com/Rgt8ClrAf3
— Yahoo Actualités (@YahooActuFR) 16 février 2019
Alain Finkielkraut a été victime d’insultes, dont certaines à caractère antisémite, a-t-il déclaré lors d’entretiens ultérieurs. Celui-ci a dû être protégé par la police pour éviter tout nouvel incident. Il a toutefois déclaré que tous les manifestants n’avaient pas été violents à son égard et que l’un d’entre eux avait même salué son travail.
En signe de soutien, le président Emmanuel Macron a ensuite appelé Alain Finkielkraut et condamné cette attaque sur Twitter, tout comme le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et de nombreuses autres personnalités politiques.
Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas.https://t.co/WSUTuJmQWX
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 16 février 2019
Cette nouvelle mobilisation intervient alors que l’opinion publique se détourne pour la première fois du mouvement des gilets jaunes. Il y a quelques jours, un sondage a révélé que 56 % des Français souhaitaient voir les manifestations cesser.