Cinq nouvelles mesures ont été annoncées par le Premier ministre, Edouard Philippe, suite au regain de violence lors de l’Acte XVIII des gilets jaunes samedi dernier.
Cette réponse intervient à l’issue d’une rencontre entre M. Philippe et le président Emmanuel Macron. Étaient aussi présents la ministre de la Justice Nicole Belloubet, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d’État, Laurent Nuñez.
Le gouvernement a largement condamné les actes de violence commis le samedi 16 mars, notamment les saccages et incendies de boutiques et de restaurants, en affirmant que ces actes n’avaient rien à voir avec un mouvement de protestation pacifique.
M. Philippe a estimé que ces violences étaient « intolérables ». « Il ne s’agissait pas de manifestants, mais d’émeutiers, dont l’unique intention était de piller, d’incendier, de détruire, de blesser », a-t-il déclaré.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a indiqué que les violences perpetrées lors des manifestations des gilets jaunes dans la capitale avaient déjà coûté à la ville environ 20 millions d’euros, dont 5 millions pour le seul samedi 16 mars.
« C’est l’équivalent du coût de la construction de quatre crèches », a-t-elle souligné.
Selon la Fédération Française de l’Assurance, les manifestations ont causé 170 millions d’euros de dégâts, sans compter l’Acte XVIII, et 10 000 déclarations de sinistres auraient été recensées.
Les incidents liés aux manifestations des gilets jaunes ont eu lieu dans le centre de Paris – notamment sur les Champs-Élysées et aux abords de l’Arc de Triomphe – alors qu’avait lieu au même moment la « Marche du siècle » pour le climat qui s’est déroulée sans encombre, a rappelé M. Philippe.
Le Premier ministre a donc annoncé cinq nouvelles mesures qui, selon le gouvernement, sont destinées à lutter contre de nouvelles violences à l’avenir.
Interdiction de manifester dans certains secteurs
Le gouvernement se réservera le droit d’interdire les manifestations dans certains espaces publics, dans le cas où des violences et des troubles « d’éléments ultras » semblent probables.
Il pourrait par exemple s’agir des Champs-Élysées à Paris, de la place Pey-Berland à Bordeaux ou encore de la place du Capitole à Toulouse.
« Dès samedi prochain et chaque fois qu’il le faudra, nous interdirons les manifestations se revendiquant des gilets jaunes dans les quartiers qui ont été les plus touchés dès lors que nous aurons connaissance d’éléments ultras et de leur volonté de casser », a indiqué M. Philippe.
Maintien de l’ordre réorganisé
Le Premier ministre a reconnu que la stratégie employée samedi, et depuis le début du mouvement, n’avait pas fonctionné.
Le chef du gouvernement accordera aux forces de l’ordre « une plus grande autonomie » pour répondre à l’évolution de la situation sur le terrain et les encouragera à agir de manière plus « unifiée ».
Les forces de l’ordre auront à leur disposition davantage de moyens vidéos, y compris des drones. Enfin, des officiers de police judiciaire seront présents aux côtés des unités de terrain et davantage de véhicules seront mobilisés pour regrouper les personnes interpellées.
Amendes plus élevées pour participation à une manifestation interdite
Toutes les manifestations doivent actuellement faire l’objet d’une déclaration préalable auprès des autorités et doivent être approuvées avant de pouvoir se dérouler.
Quiconque prendra part à une protestation sans autorisation préalable risquera une amende de 135 euros, contre 38 euros actuels.
Soutien renforcé aux commerçants touchés
M. Philippe a confirmé qu’il avait demandé au ministre de l’Économie et des Finances de renforcer le plan de soutien aux commerçants lancé en novembre dernier.
« Samedi à Paris, 27 commerces ont été pillés, 124 ont été dégradés », a-t-il énuméré.
Préfet de police de Paris remplacé
Michel Delpuech, préfet de police de Paris, devrait être remplacé par Didier Lallement, préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, connu pour son caractère bien trempé.
Ce changement intervient alors que Matignon a mis en cause « des consignes inappropriées » dans l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD), une arme au centre de toutes les critiques depuis le début du mouvement.