Le Pheu Thai, principale formation d’opposition à la junte, a déclaré mercredi matin être en mesure de former une coalition avec six autres partis, baptisée « front démocratique », pour assumer les rênes du prochain gouvernement de Thaïlande.
Le Pheu Thai a devancé le parti pro-junte Palang Pracharath en annonçant cette coalition avec les partis Future Forward, Seri Ruam Thai, Prachachart, Puea Chart, New Economics et Thai People Power. Le cumul des sièges devrait dépasser les 250 nécessaires à l’obtention d’une majorité à la chambre basse.
« Depuis le premier jour de notre campagne jusqu’au jour des élections, le Pheu Thai a été ferme dans sa volonté de stopper le pouvoir du NCPO (la junte au pouvoir depuis le coup d’État de mai 2014) », a déclaré Sudarat Keyuraphan, candidate au poste de Premier ministre pour ce parti. « Nous voulons concrétiser les volontés du peuple, puisque nous disposons d’une majorité. Nous avons au moins 255 sièges, bien que les chiffres ne soient pas encore définitifs. »
Les dirigeants des partis de cette coalition, dont Thanathorn Jungrungreangkit du Future Forward, Seripisut Temiyavet du Seri Ruam Thai et Wan Muhamad Noor Matha du Prachachart, étaient également présents lors de la conférence de presse tenue mercredi matin. Mingkwan Sangsuwan, du New Economics, était absent mais a indiqué qu’il tiendrait plus tard une conférence de presse distincte et aurait fait part de sa volonté de rejoindre cette alliance.
Sudarat a également dénoncé les irrégularités électorales et a critiqué l’initiative du parti pro-junte favorable au général Prayuth Chan-o-cha visant à former une coalition, mais sans avoir remporté le plus grand nombre de sièges lors des élections de dimanche.
Un front uni contre la junte
Thanathorn, qui a approuvé la légitimité du Pheu Thai pour la formation d’un gouvernement, a déclaré qu’ils voulaient stopper la mainmise du gouvernement militaire sur le pouvoir.
« Moi et les autres partis politiques ici présents travaillerons ensemble pour mettre fin au pouvoir du NCPO », a-t-il déclaré. « La plus apte au poste de Premier ministre pour la Thaïlande est Sudarat. »
Seripisut a quant à lui invité tous les partis, grands et petits, à rejoindre cette coalition. « Sinon, vous serez complices de leur maintien au pouvoir », a-t-il ajouté, tout en appelant le général Prayut à démissionner.
Le leader du Prachachart, Wan, a de son côté estimé que « l’économie a été lamentable depuis l’arrivée au pouvoir de la junte. Quel investisseur serait prêt à prendre des risques avec un gouvernement qui ne tient qu’à un fil ? »
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Palang Pracharath, pro-junte, a lui aussi revendiqué son droit de former un gouvernement pour avoir obtenu le plus grand nombre de voix. Ses dirigeants ont déclaré plus tôt cette semaine qu’ils avaient déjà commencé à discuter d’une coalition avec d’autres partis, bien qu’ils n’en aient nommé aucun d’entre eux.
Mercredi midi, le Palang Pracharat n’a pas encore publié de réponse à la conférence de presse du Pheu Thai, ses dirigeants étant en tournée dans certains quartiers de Bangkok pour remercier leurs partisans.