Le gouverneur de la banque centrale thaïlandaise, Veerathai Santiprabhob, a déclaré que des faiblesses financières subsistent dans l’économie du pays, tout en soulignant que des mesures étaient mises en place pour les atténuer.
Les taux d’intérêt sont « trop bas depuis trop longtemps », ce qui a conduit à une sous-évaluation des risques dans le secteur financier et incité la Banque de Thaïlande à relever son taux directeur en décembre dernier, a déclaré M. Veerathai dans une interview accordée à la chaîne de télévision Bloomberg. Il a également ajouté que ces risques sont toujours présents.
« Il faudra un certain temps pour répondre aux préoccupations relatives aux fragilités financières, et on ne peut y répondre au moyen d’une seule politique », a-t-il dit.
La banque centrale tente d’équilibrer les défis auxquels est confrontée l’économie, notamment des niveaux d’endettement élevés, un ralentissement de la croissance et une inflation modérée. Ces dernières semaines, les autorités ont évoqué la possibilité d’un resserrement monétaire progressif en fonction des données attendues. Cela contraste avec la tendance mondiale qui se dégage, avec des taux d’intérêt à la baisse.
En décembre, la Banque de Thaïlande a relevé son taux directeur d’un quart de point pour le porter à 1,75 %, soit la première hausse depuis 2011.
L’inflation progresse
L’institution ne prévoit qu’un ralentissement modéré de la croissance économique thaïlandaise cette année, qui devrait passer à 3,8 % contre 4,1 % en 2018. Le mois dernier, l’inflation a dépassé 1 %, soit la fourchette basse de la zone visée par la banque centrale qui s’étend jusqu’à 4 %.
M. Veerathai a indiqué qu’une croissance de 3,8 % à 4 % était conforme au potentiel de l’économie. Il y a « certainement une menace négative » pour les prévisions de croissance, mais une part de ce risque a déjà été intégrée dans les projections de la banque centrale.
Le gouverneur a déclaré que le ralentissement de l’économie chinoise était préoccupant pour les économies de l’Asie du Sud-Est et qu’un accord commercial entre les États-Unis et la Chine permettrait d’améliorer les prévisions.
Le risque politique est également de plus en plus élevé en Thaïlande après les élections générales peu probantes du 24 mars, tenues après quasiment cinq ans de pouvoir militaire.
Cette année, le baht s’est apprécié de 2,5 % par rapport au dollar, ce qui en fait l’une des devises asiatiques les plus performantes. Un excédent de la balance courante considérable – attendu à 34,5 milliards de dollars en 2019 – et d’importantes réserves de change consolident encore davantage la devise locale.
« Lorsque nous prenons des décisions politiques, nous tenons également compte des mouvements du baht », a expliqué M. Veerathai. « Mais récemment, je pense que le baht a évolué dans le sens de l’économie. »