L’économie de la Thaïlande a subi sa plus forte contraction depuis plus de deux décennies au cours du deuxième trimestre 2020. Sous le choc de la pandémie mondiale de coronavirus Covid-19, les principaux moteurs du pays que sont les échanges commerciaux et le tourisme demeurent paralysés.
Le produit intérieur brut (PIB) a donc régressé de 12,2 % par rapport à l’année dernière, a annoncé lundi le Conseil national de développement économique et social. Il s’agit de la plus forte baisse depuis la crise financière asiatique de 1998. Ce chiffre se révèle à peine inférieur aux estimations d’une contraction de 13 % anticipées par Bloomberg.
Pour cette année, les perspectives économiques de la Thaïlande demeurent les plus sombres d’Asie, compte tenu de sa dépendance à l’égard des exportations et du tourisme. Ces deux secteurs sont gravement ébranlés par l’épidémie de Covid-19. Cette situation a été exacerbée par la force de la devise locale, le baht, qui a gagné plus de 6 % entre avril et juin, la deuxième meilleure performance en Asie.
« Nous sommes préoccupés par l’économie, en particulier par l’emploi et les créances douteuses », ainsi que par les petites et moyennes entreprises, explique Thosaporn Sirisumphand, secrétaire général du Conseil. « Nous allons chercher à répondre aux besoins de 16 millions de travailleurs dans le secteur informel. Nous avons préparé des mesures pour les aider ».
L’organisme table également sur une contraction de 7,3 à 7,8 % pour l’ensemble de l’année, alors que les estimations précédentes annonçaient une baisse de 5 à 6 %. Ce chiffre demeure à peine plus optimiste que la récession de 8,1 % attendue par la Banque de Thaïlande ou de 8,5 % par le ministère des Finances.
« Le pire est sans doute passé, mais il n’y a toujours rien qui justifie de sabrer le champagne », affirme Howie Lee, économiste auprès de l’Oversea-Chinese Banking Corp à Singapour. « Nous pensons que le rythme de la reprise sera graduel et que l’économie thaïlandaise devra encore faire face à de nombreux défis ».
Plan de relance
Ces données reflètent la quasi-inactivité économique pendant une partie du deuxième trimestre, alors que les frontières demeurent fermées à la plupart des étrangers. Depuis le mois de mai, le gouvernement a progressivement assoupli les restrictions de confinement, et pratiquement toutes les activités peuvent désormais fonctionner.
L’exécutif, qui a annoncé un plan de relance de 60 milliards de dollars, procède actuellement au remaniement de son équipe économique. Le nouveau ministre des Finances, Predee Daochai, devra travailler avec Sethaput Suthiwart-Narueput, qui prendra le relais comme gouverneur de la banque centrale le 1er octobre, afin de coordonner la politique fiscale et monétaire du Royaume.
En outre, les manifestations antigouvernementales, principalement menées par des jeunes et étudiants, commencent à se renforcer et à ajouter à l’incertitude. Dimanche 16 août, plus de 10 000 personnes se sont réunies à Bangkok, soit l’un des plus grands rassemblements observés ces dernières années.
« Au-delà de l’effondrement durable attendu du tourisme, les troubles récents en Thaïlande pourraient également refroidir les ardeurs des investisseurs, en plus des tendances de consommation déjà fragiles », selon M. Lee.
Autres aspects économiques essentiels :
- En glissement trimestriel, le PIB de la Thaïlande a chuté de 9,7 % au deuxième par rapport au premier. Une baisse légèrement inférieure aux estimations de Bloomberg (11,2 %).
- Les exportations devraient reculer de 10 % cette année.
- Le taux de chômage entre avril et juin s’élevait officiellement à 1,95 %, alors que 1,8 million de personnes supplémentaires pourraient perdre leur emploi.
- Le gouvernement devrait renforcer ses mesures d’assistance aux entreprises, aux salariés et aux exportations dans les mois à venir.
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