Le secteur cambodgien du riz a perdu son régime d’exportation en franchise de droits vers l’UE – son principal client – après que le bloc européen ait décidé d’imposer des tarifs douaniers au Cambodge et à la Birmanie pour stopper la hausse des importations.
Cette décision sera en vigueur pendant trois ans, période au cours de laquelle les taux seront progressivement réduits. Le secteur sera contraint de payer environ 47 millions d’euros la première année en se basant sur le montant que le Royaume a exporté vers l’UE l’année dernière.
Mercredi, la Commission européenne a affirmé : « Une enquête a confirmé l’augmentation significative des importations de riz Indica en provenance du Cambodge et du Myanmar dans l’Union européenne, laquelle a causé un préjudice économique aux producteurs européens ».
« La Commission européenne a donc décidé aujourd’hui de rétablir les droits à l’importation, qui seront progressivement réduits sur une période de trois ans. »
Selon les données du gouvernement cambodgien, le Royaume a exporté un total de 626 225 tonnes de riz l’année dernière, dont 43 %, soit 269 127 tonnes, ont été acheminées vers le marché européen.
Sur cette même base, le secteur cambodgien du riz devra payer environ 47 millions d’euros la première année, 40,3 millions d’euros la deuxième et 33,6 millions d’euros la troisième.
Les exportateurs et économistes partagent des points de vue similaires sur l’impact de ces droits de douane. Ils ont estimé que la solution pour surmonter cette décision consiste à réduire les coûts d’exploitation et diversifier les marchés.
Adapter la production de riz cambodgien
Le directeur du Centre pour les études politiques, Chan Sophal, a déclaré que les nouveaux tarifs n’affecteront pas sérieusement les exportations de riz jasmin depuis le Cambodge vers l’UE, mais le riz blanc devrait en pâtir.
Il a expliqué que dans ce contexte, les agriculteurs devraient se tourner vers le riz jasmin ou d’autres cultures. Toutefois, l’impact réel dépendra principalement du jugement des consommateurs au sujet du riz cambodgien.
« Je pense que cela dépendra du caractère remplaçable du riz cambodgien sur les marchés de l’UE. S’ils aiment le riz cambodgien, les supermarchés et les consommateurs en Europe n’hésiteront peut-être pas à payer un peu plus. Cela ne devrait pas représenter une grande partie de leurs dépenses de consommation. »
« Le gouvernement devrait envisager de réduire le coût de l’électricité et les redevances portuaires pour aider notre industrie du riz à résister ou à être plus compétitive. Cette mesure sera également utile si l’industrie du textile est sérieusement affectée par la suspension de l’accord préférentiel +Tout sauf les armes+ avec l’UE », a-t-il déclaré.
Le vice-président de la Fédération cambodgienne du riz, Hun Lak, s’est fait l’écho des propos de Sophal. Il a déclaré que l’impact réel des tarifs douaniers de l’UE sur le riz nécessitait une période transitoire pour évaluer la réaction des consommateurs.
Toutefois, il a souligné que la décision de l’UE aurait certainement un impact négatif sur l’industrie cambodgienne du riz, que ce soit à petite ou à grande échelle.
« Le Cambodge considère toujours l’Europe comme son principal marché, donc lorsque nous devons payer des droits de douane, nous devons trouver une solution. Nous devons également réduire nos coûts d’exploitation pour équilibrer les droits de douane afin de pouvoir continuer à exporter vers l’Europe », a déclaré M. Lak.
Trouver de nouveaux marchés
Sur une note positive, il a indiqué que les exportations de riz vers la Chine pourraient augmenter et que ce pays a fourni au Cambodge un quota d’exportation de 300 000 tonnes de riz par an depuis 2018, mais que le Royaume du Cambodge n’était en mesure d’en exporter que 170 000 tonnes vers ce pays.
« À l’avenir, nous aurons d’autres négociations avec la Chine [sur l’augmentation des quotas] pour exporter notre riz », a-t-il dit.
Song Saran, PDG de AMRU Rice Cambodia, a affirmé que le marché de l’UE restera toujours essentiel pour le Cambodge et que les exportateurs devront donc trouver une solution pour maintenir leur capacité à exporter vers ce marché.
Dans le même temps, il a déclaré que le Cambodge devra améliorer sa compétitivité et explorer de nouveaux débouchés pour moins dépendre d’un seul marché.
« Nous avons besoin du marché européen et nous ne pouvons pas nous permettre de le perdre. Nous devrons donc trouver un moyen de réduire nos coûts d’exploitation pour améliorer notre compétitivité », a-t-il dit.
Le Premier ministre Hun Sen a dévoilé la semaine dernière une nouvelle campagne visant à réduire la dépendance à l’égard du statut commercial préférentiel offert par les pays avancés, affirmant que le gouvernement facilitera le commerce et supprimera des procédures superflues.
Dans le cadre d’une série de mesures de facilitation du commerce, il a annoncé un plan visant à décharger Camcontrol de ses tâches d’inspection aux frontières, à supprimer les droits de douane informels et à réduire le contrôle des conteneurs de marchandises, rapporte The Phnom Penh Post.