L’économie de la Thaïlande a, sans surprise, connu un début d’année particulièrement difficile. Au mois d’avril, plusieurs indicateurs clés ont atteint des creux historiques, tandis que les dépenses de l’État constituaient le seul facteur de soutien à l’économie, selon un haut responsable de la banque centrale.
Avec l’interdiction des entrées sur le territoire destinée à contenir la pandémie de coronavirus Covid-19, aucun touriste étranger n’est arrivé en avril, contre 3,2 millions au cours du même mois l’année dernière, déclare Don Nakornthab, directeur principal de l’économie et de la politique à la Banque de Thaïlande.
Au cours des quatre premiers mois de l’année, les autorités ont enregistré 6,69 millions d’arrivées internationales, soit une baisse de 52,2 % par rapport à 2019. La plus grande partie de ces visites ont eu lieu en janvier et février.
Avec la prolongation de l’interdiction des vols commerciaux entrants jusqu’au 30 juin au moins, deux mois additionnels (mai et juin) ne compteront aucune arrivée de voyageur étranger. Cela signifie que les entreprises liées au tourisme, tout particulièrement les hôtels, les restaurants et le secteur des transports, continueront d’en pâtir davantage.
Confiance des ménages au plus bas en Thaïlande
Parallèlement, les exportations ont quelque peu su tirer leur épingle du jeu, avec une hausse de 2,12 % en avril par rapport à l’année dernière. Cependant, si l’on exclut les données sur l’or, les envois ont dégringolé de 10,31 % au cours de cette même période.
« La contraction des exportations de la Thaïlande devrait s’accentuer au cours des prochains mois, paralysées par la tiédeur de la demande mondiale liée à la pandémie », estime M. Don.
La consommation privée a plongé de 15,1 % en glissement annuel, atteignant ainsi un plancher record. Cette contraction est observée dans toutes les catégories, en raison de la hausse du chômage, de la baisse des revenus et de la faible confiance des consommateurs, auxquelles s’ajoutent le report du Nouvel An traditionnel de Songkran et les mesures de confinement.
En avril, la confiance des ménages et le moral des entreprises ont également atteint un niveau jamais observé.
Grâce aux 5 000 bahts (143 euros) que le gouvernement verse chaque mois aux personnes qui ont perdu leur emploi à cause de la pandémie, la consommation intérieure devrait quelque peu reprendre en mai, même si elle demeurera assurément inférieure en glissement annuel.
Allocations chômage en hausse
Le marché du travail se révèle particulièrement inquiétant, compte tenu de la multiplication des demandes d’allocation chômage de la part des personnes couvertes par le régime de la Sécurité sociale, explique M. Don.
Le nombre d’entreprises qui ont déposé une requête de suspension temporaire d’activité a augmenté de façon spectaculaire, passant de 445 en mars à 2 406 en avril, tandis que celui des salariés couverts par le chômage partiel a bondi de 96 264 à 465 218.
En vertu de la loi sur la protection du travail, un employeur peut suspendre temporairement ses activités et doit alors verser à ses employés au moins 75 % de leur salaire journalier habituel. Le début de l’assouplissement du confinement de la part du gouvernement devrait cependant participer à la stabilisation du taux de chômage.
« Plusieurs données économiques clés se sont contractées à des niveaux historiquement bas en avril en raison de la pandémie. Les dépenses publiques ont toutefois été le seul facteur de soutien à l’économie », affirme M. Don.
Les contributions de l’État apparaissent donc comme la pierre angulaire de la survie de l’économie thaïlandaise pour le moment.
En avril, celles-ci ont augmenté de 28,9 % par rapport au même mois de l’année dernière.
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