Si vous souhaitez passer des vacances dans l’un des nombreux sites touristiques qu’offre la Thaïlande, il vous en coûtera désormais autant, voire plus, que dans certaines destinations du pourtour méditerranéen comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Turquie ou l’Égypte. Ces données, révélées par la société spécialisée dans l’industrie du voyage Skift, confirment la tendance en cours qui pousse les touristes européens vers d’autres pays.
Le rapport de Skift s’appuie sur des entretiens réalisés avec un certain nombre d’agences basées en Europe. Selon ces dernières, en dehors du coût, leurs clients s’inquiètent du développement excessif des destinations touristiques thaïlandaises. Certains ont également déploré que l’attention croissante accordée aux Asiatiques, en particulier aux Chinois, se soit traduite par un sentiment de désintérêt envers les voyageurs européens.
Le prix d’un hôtel cinq étoiles à Koh Samui, Koh Pha Ngan et Koh Samet a atteint l’équivalent de 500 dollars par chambre et par nuit, petit déjeuner compris, explique Skift. Le site se base sur des chiffres du Diethelm Travel Group, l’un des plus anciens et mieux implantés des organisateurs de voyage en Thaïlande.
Cela correspond aux tarifs pratiqués dans une station balnéaire cinq étoiles en Grèce, en Italie et en Espagne. Et c’est même plus cher qu’un établissement similaire en Turquie ou en Égypte, dont le prix par nuit se situe autour de 350 dollars, selon Diethelm.
Dans les hôtels quatre étoiles des stations balnéaires thaïlandaises, la tendance se révèle identique.
Selon le PDG de Diethelm, Stephan Roemer, le budget pour des vacances en Thaïlande a augmenté d’environ 30 % en dollars américains et 40 % en euros au cours des cinq dernières années. Ces hausses sont imputables à l’appréciation du baht et à l’inflation.
La Thaïlande focalisée sur le marché chinois
Les différents acteurs de l’industrie touristique thaïlandaise s’accordent à dire que la force du baht demeure une préoccupation majeure.
Mais en dépit de cette évolution de la devise nationale, le rapport de Skift indique que « de nombreux hôtels thaïlandais ont augmenté leurs tarifs, car ils comptent sur les touristes asiatiques qui viennent pour la première fois ou qui reviennent massivement ».
Cependant, ce cocktail désormais fortement orienté vers l’Asie est devenu un problème pour certains visiteurs européens fortunés.
« Certains hôtels ont bousculé la composition de leur clientèle et vendent une part plus importante sur le marché chinois. Par conséquent, l’atmosphère au sein des hôtels peut évoluer au point où des clients nous disent qu’ils n’y retourneront plus. C’est un sujet majeur », explique Ruth Landolt, directrice générale d’Asia365, une entreprise zurichoise qui propose des circuits sur mesure en Asie pour les marchés germanophones.
Pour David Kevan, directeur de la société britannique Chic Locations, le principal reproche adressé à la Thaïlande — et aux destinations voisines telles que le Vietnam et le Cambodge — est le surdéveloppement.
Il anticipe que de nombreux hôtels de Bangkok, Pattaya, Hua Hin ou Phuket, seront transformés en condominiums au cours des prochaines années en raison d’une offre excédentaire et de propriétaires qui souhaitent un retour sur investissement rapide.
Au Vietnam, certaines destinations balnéaires sont devenues « méconnaissables » par rapport à la situation d’il y a cinq ans, explique-t-il. Pire encore, Sihanoukville au Cambodge « est une catastrophe à tous égards qui se concentre uniquement sur le tourisme sexuel et les jeux de hasard pour les Chinois des catégories populaires », déplore-t-il.
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