Selon plusieurs organisations internationales, le Vietnam est l’un des cinq plus grands pollueurs des océans d’Asie en raison de ses déchets plastiques, et avec 13 millions de tonnes rejetées en mer chaque année, le pays se classe désormais au 17e rang mondial.
Bien qu’il n’existe pas de statistiques officielles sur la quantité et les types de plastique présents dans les eaux vietnamiennes, ce type de déchets est facile à déceler, les 112 estuaires du pays étant les principaux points de passage du plastique vers les mers et îles du pays.
Les chiffres de l’Association des plastiques du Vietnam illustrent l’ampleur du problème. En 1990, chaque Vietnamien consommait 3,8 kg de plastique par an, mais 25 ans plus tard, ce chiffre est passé à 41 kg.
Chaque minute, jusqu’à 1 000 sacs en plastique sont utilisés, mais seulement 27 % d’entre eux sont traités et recyclés.
Le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement a estimé qu’environ 80 tonnes de déchets plastiques et de sacs sont jetés chaque jour à Hanoï et Saïgon réunies.
Sur une note plus positive, le Vietnam a consenti des efforts pour gérer les déchets plastiques importés et surveiller la production et la consommation de cette matière.
Ta Dinh Thi, en charge des affaires maritimes, a déclaré qu’en 2018, le Vietnam avait proposé des partenariats pour une meilleure gestion environnementale des mers d’Asie orientale et initié des initiatives pour encourager une coopération mondiale dans la réduction des déchets plastiques.
Une campagne lancée par le ministère l’an dernier montre qu’il ne suffit pas de prendre des mesures isolées pour lutter contre la pollution plastique, mais qu’une série d’actions telles que le recyclage, la lutte contre l’utilisation unique et la recherche de solutions énergétiques alternatives peuvent également aider.
Nguyen The Tuan, responsable de l’Administration vietnamienne des mers et des îles, a déclaré que la priorité absolue était de réviser les documents juridiques relatifs à la gestion des risques inhérents aux déchets plastiques pour compléter le cadre juridique du Vietnam et la stratégie pour une gestion plus respectueuse des océans.
Dans la mesure où 80 % des déchets plastiques proviennent du continent, la gestion de la production et de la consommation est primordiale, d’après les experts. Le Vietnam tente de faire évoluer les choses, en commençant par le comportement de la population.
Nguyen Thuong Hien, responsable d’une agence gouvernementale en charge de la gestion des déchets, a déclaré que le ministère avait pour objectif de réduire de 65 % la quantité de sacs plastiques non biodégradables utilisés par les supermarchés et centres commerciaux en 2020 par rapport à 2010. D’ici 2026, le Vietnam vise le zéro sac plastique non biodégradable.
Production d’énergie à partir de déchets
La majorité des déchets résiduels du Vietnam sont traités par incinération ou mis en décharge. Cependant, on considère que ces méthodes ont une faible valeur environnementale et économique car les décharges polluent les sols tout en émettant des émanations toxiques lors de la combustion.
Selon le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement Tran Hong Ha, le Vietnam a étudié différentes méthodes en vue de mettre les technologies au service de la fabrication de matériaux respectueux de l’environnement à partir de déchets.
« L’utilisation des technologies pour limiter la mise en décharge et tirer parti de la valorisation des déchets est une tâche urgente », a-t-il déclaré.
Le Vietnam a récemment réussi à transformer ses déchets en énergie ou en carbone organique – un composé utilisé pour valoriser les sols et utilisé en agriculture biologique.
L’énergie produite à partir des déchets a été utilisée pour le réseau de Saïgon. Le carbone organique du sol a été certifié comme ayant des niveaux nutritionnels plus élevés que le fumier de vache et de poulet, voire deux fois plus élevés que les engrais biologiques.
Nguyen Gia Long, directeur de la société Hydraulic Machine et pionnier de la valorisation énergétique des déchets au Vietnam a déclaré que ces technologies pourraient être appliquées sur le terrain et sont en phase avec la tendance mondiale en matière d’énergie verte, avec de faibles investissements en matériel et en équipement et une réduction en termes de main d’œuvre grâce aux nouvelles techniques d’automatisation.
La société New Technology utilise quant à elle la pyrolyse pour recycler le plastique. Son directeur, Nguyen Thanh Tai, a déclaré que l’État devait adopter des mesures incitatives pour encourager les particuliers et les entreprises à participer au recyclage des déchets, dans la mesure où le traitement et le recyclage des déchets plastiques jouent un rôle prépondérant dans la protection de l’environnement et le développement des énergies renouvelables, rapporte VietNam News.