La Chine devrait demeurer le principal pays pourvoyeur de touristes en Thaïlande au cours de la prochaine décennie. Leurs arrivées pourraient ainsi se chiffrer à 23 millions, soit deux fois plus qu’aujourd’hui, selon le centre de recherche de la Krung Thai Bank.
Ces prévisions sont basées sur un taux de croissance annuel de 7 %, ont expliqué les analystes de Krung Thai.
Dans le scénario le plus pessimiste, soit une évolution moyenne de 5,5 % par an au cours de la prochaine décennie, leur nombre atteindrait tout de même 20 millions. Ce cas de figure viendrait à se produire si la concurrence des pays voisins, en particulier le Vietnam, appâtait encore davantage les Chinois.
Natthaporn Sritong, vice-président du centre, a déclaré que 334 millions de Chinois devraient se rendre à l’étranger en 2030, contre 160 millions actuellement. Soit une progression soutenue de 6,9 % par an.
Sur ces 334 millions de voyageurs, 33 millions seront des touristes indépendants nés dans les années 1980-1990.
La vigueur de l’économie chinoise devrait se traduire par une forte croissance du nombre de vacanciers de la classe moyenne. Leur part dans la population totale devrait atteindre 43 % d’ici dix ans, contre 8,2 % à peine en 2018.
Outre Hong Kong, Macao et Taïwan, la Thaïlande reste l’une des destinations préférées du marché chinois, devant le Japon, le Vietnam, la Corée du Sud et l’Indonésie, a expliqué M. Natthaporn.
Les arrivées chinoises en Thaïlande n’ont toutefois augmenté que de 2 % au cours des neuf premiers mois de cette année. Ce taux se révèle bien inférieur aux 27 % enregistrés en Corée du Sud, 15 % au Japon, 5 % en Indonésie et 4 % au Vietnam.
Renforcer la sécurité du secteur touristique en Thaïlande
Pour maintenir sa compétitivité, le centre préconise que les opérateurs touristiques thaïlandais s’efforcent de préserver le caractère unique des ressources du pays et garantissent des prestations standardisées.
De nouvelles destinations balnéaires pourraient contribuer de manière significative à attirer davantage de voyageurs chinois, par exemple Phang Nga, Prachuap Khiri Khan et Phetchaburi. Les provinces dites « secondaires » comme Trat, Trang, Chiang Rai, Mae Hong Son ou Sukhothai pourraient également devenir populaires, ajoute M. Natthaporn.
Il est en outre essentiel d’améliorer la sécurité des visiteurs, alors que la Thaïlande s’est classée à une piètre 111e place sur 140 pays dans le rapport 2019 sur la compétitivité dans le voyage et le tourisme du Forum économique mondial.
Pimchatr Ekkachan, analyste en chef du centre, a convenu que la sécurité est primordiale pour les Chinois lors de leur séjour dans un pays étranger, bien plus que le taux de change.
Des études confirment que les diminutions des arrivées de Chinois sont généralement liées à des problèmes de sécurité, par exemple le conflit territorial en mer de Chine méridionale en 2012 ou encore le naufrage du bateau Phoenix au large de Phuket en 2018.
Un baht fort n’entrave pas nécessairement leurs séjours en Thaïlande, même s’ils demeureront plus attentifs à leurs dépenses.
Phacharaphot Nuntramas, vice-président du centre, a ainsi souligné que la stagnation du marché chinois cette année n’était pas seulement due à la vigueur de la devise thaïlandaise, mais aussi aux retombées de la catastrophe maritime de l’an dernier. Selon lui, il faudra un certain temps pour regagner la confiance des touristes chinois.
Il a toutefois ajouté que la dispense des frais de visa à l’arrivée de 2 000 bahts (61 euros) a contribué à stimuler leurs arrivées après le déclin de l’an dernier. De plus, les nouvelles mesures qui visent à faciliter la délivrance de visas devraient en séduire encore davantage.